Un mouvement d’opinion est en train
d’émerger pour défendre un canton progressiste.
On peut remercier de tout coeur
les initiateurs-trices de la Charte
VerSus13 (lire ci-dessous).
Pour la première fois (depuis longtemps
en tout cas) un vaste mouvement
d’opinion critique se manifeste en
Valais. Près de 1’800 personnes ont jusqu’à
maintenant signé une déclaration
rappelant des valeurs humanistes et
progressistes fréquemment oubliées
dans le contexte actuel du canton.
Mon regret est que le texte n’ait pas
été plus tranchant, désignant clairement
les événements récents, le(s)
mouvement(s) qui en est (sont) responsables(
s), indiquant des noms, désignant
le journal que l’on vise. Tout cela
aurait été plus net et aurait favorisé la
lutte. Il est vrai que les signataires
auraient sans doute été moins nombreux,
mais toute tentative de récupération
aurait ainsi été impossible, comme
auraient été exclus des ralliements trop
faciles à des principes trop généraux.
Mais ce regret est un commentaire
sur l’accessoire et non sur l’essentiel :
encore une fois un vaste mouvement
d’opinion d’un certain Valais, bien réel,
s’oppose à un certain Valais, bien réel
lui aussi mais qui tend à se proclamer
l’unique Valais.
Cette déclaration n’accepte pas la
conception selon laquelle la démocratie
est un système où la minorité doit se
taire quand la majorité, censée avoir
raison, s’est exprimée. La démocratie est
un système où l’on doit respecter le verdict
des urnes, mais cela ne veut nullement
dire qu’on est tenu de l’approuver.
Même un seul citoyen, conformément
à sa conscience, peut travailler pacifiquement,
en les combattant, à faire
changer les avis majoritaires.
Nos pays vivent aujourd’hui l’affrontement
de conceptions du monde tout
à fait différentes. Une conception
défendant les droits de l’homme et les
acquis sociaux est confrontée à une
conception nationaliste étroite en
même temps que libérale. La démocratie
permet que des luttes soient menées.
Il ne s’agit donc pas, quand on appartient
au camp des droits humains, de
rester en retrait en estimant que les
autres finalement ne font qu’exprimer
leurs opinions et qu’on peut s’abstenir
de les contrer. Les conceptions qui
apprennent à se replier sur soi et à rejeter
les autres mettent de l’huile sur le
feu, empêchent la solution des problèmes
et préparent la voie à des tensions
plus fortes. Dans la non-violence,
elles demandent à être combattues sans
réserve. Ne pas dénoncer assez, c’est
permettre un résultat comme celui des
récentes élections au Conseil d’Etat.
VerSus13 est un élément central de
cette lutte, notamment culturelle, qu’il
faut mener, tout particulièrement dans
ce canton si lourdement conservateur.
Espérons que la signature de la Charte
soit le début d’autres actions pour renforcer
et développer un Valais progressiste,
ouvert sur un futur de générosité
et de justice.
Jean-Marie Meilland
Des artistes contre
le repli identitaire
Treize artistes du Valais, dont l’écrivain Jérôme
Meizoz, ont créé le groupe VerSus13 pour lutter
contre le repli identitaire valaisan symbolisé
par l’élection d’Oskar Freysinger au Conseil
d’Etat. « Depuis quelques mois, l’inflation
d’actes et de discours agressivement identitaires,
xénophobes et racistes, provoque notre
alarme. Nous sommes préoccupés non seulement
par ces manifestations, mais par leur
banalisation », peut-on lire dans la Charte du
groupe. « Nous appelons toute personne ne se
reconnaissant pas dans ces actes ni dans ces
discours et ayant foi dans un autre Valais que
celui de la peur, de la complainte et du repli
identitaire, à marquer leur désapprobation par
un seul mot d’ordre : STOP. » Les signataires veulent
défendre un « Valais moderne, en phase
avec le monde qui l’entoure », « où les valeurs
de liberté, d’égalité et de justice ne sont pas de
vains mots ».
Réd.
