Espionnage de l’Elysée: la France reste silencieuse

il faut le dire • Mediapart et Libération ont publié ce mardi des documents de la NSA, divulgués par Wikileaks, faisant état de l’espionnage pratiqué par les Etats-Unis à l’encontre des plus hautes autorités de l’Etat français...

Mediapart et Libération ont publié ce mardi des documents de la NSA, divulgués par Wikileaks, faisant état de l’espionnage pratiqué par les Etats-Unis à l’encontre des plus hautes autorités de l’Etat français.

Des conversations datant de mai 2012 entre M.Hollande et son premier ministre d’alors, M.Ayrault, ont été interceptées. En 2008, le président d’alors, Nicolas Sarkozy, a également été écouté. Des échanges entre hauts fonctionnaires ou entre ministres ont également été interceptés, au moins depuis 2006. Les documents de wikileaks ne précisent pas les moyens techniques utilisés, ni si les codes de sécurité des téléphones sécurisés de l’Elysée ont été cassés.

Ce qui frappe dans cette énième affaire d’espionnage, ce ne sont pas les faits, mais bien l’absence de réaction de la classe politique française. Il semble désormais admis et normal (ou peut-être même souhaitable?) qu’un Etat « ami » puisse intercepter et écouter les communications passées par le chef de l’Etat. S’agit-il de fatalisme, puisque parait-il «tout le monde le fait», ou d’une marque supplémentaire de l’assujettissement de la France à l’hégémonie étasunienne? Car s’il y a bien un domaine dans lequel Hollande et Sarkozy ne se distinguent nullement, c’est celui de la politique étrangère vis-à-vis des Etats-Unis. Les deux mènent ou ont mené une politique d’allégeance aveugle et coupable à «l’allié» US, bafouant aussi bien la souveraineté du pays que ses intérêts géostratégiques.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de Gaulle a revendiqué l’indépendance de la France, allant jusqu’à retirer le pays du commandement de l’OTAN. Plus proche de nous, on se souvient de l’opposition du pays des Lumières, sous Jacques Chirac, à une intervention militaire en Irak. On se souvient également des positions courageuses du même Chirac en faveur des Palestiniens, à des années-lumière de la frilosité, confinant à la lâcheté, affichée par ses successeurs dans ce dossier.
Qu’il semble loin, le temps de la France indépendante, libre de mener sa politique étrangère selon sa sensibilité, une France qui a su faire entendre une voix parfois différente au sein du concert des nations.