Europe: horreur, le peuple s’en mêle!

Il faut le dire • Le cauchemar de tout ce que l’Europe compte de technocrates, de patrons de presse, de financiers, d’éditorialistes, de banquiers, d’actionnaires, de people et d’opposants à la démocratie - autant de qualités non mutuellement exclusives - vient de se réaliser: quelque part au sein de l’Union européenne, le peuple s’est exprimé.

Le cauchemar de tout ce que l’Europe compte de technocrates, de patrons de presse, de financiers, d’éditorialistes, de banquiers, d’actionnaires, de people et d’opposants à la démocratie – autant de qualités non mutuellement exclusives – vient de se réaliser: quelque part au sein de l’Union européenne, le peuple s’est exprimé.

Nous, Suisses, sommes habitués à voter plusieurs fois par année, à prendre des décisions qui ont un impact sur notre vie. Il nous est difficile de prendre la mesure de ce que représente un référendum dans un pays comme la Grèce; dans cet Etat, la dernière consultation populaire a eu lieu en 1974, il y a 41 ans ! Depuis, ni la droite ni la gauche n’avaient osé réutiliser cet instrument.

La campagne de propagande menée par l’UE en faveur du «oui» a largement débordé des frontières grecques: on comprend aisément pourquoi. En votant non, les Grecs ont certes refusé l’austérité, mais ils ont surtout montré qu’il était possible de prendre la parole, de se mêler de la gestion du pays, bref de faire de la politique. Ce qui terrifie les technocrates non-élus de l’UE, ce n’est pas tant le résultat du référendum que le fait qu’il ait seulement été organisé. C’est l’idée même que le peuple puisse passer du statut de sujet à celui d’acteur qui, fondamentalement, apparaît comme une incongruité.

Une fois encore, l’UE a montré son vrai visage, celui d’une organisation viscéralement antidémocratique. Il faut dire que lors des très rares consultations populaires ayant eu lieu ces dernières années, le peuple s’est montré frondeur, il s’est opposé aux mots d’ordre des technocrates, il a montré son attachement à son indépendance. Aux Pays-Bas, le peuple a refusé le projet de Constitution européenne. En France, le «non» de 2005 a constitué un véritable cataclysme politique. Là aussi, malgré un lavage de cerveau médiatique qui a fait passer la propagande soviétique pour un exercice de mesure et de réserve, le peuple a adressé un camouflet à l’ensemble de l’élite politico-médiatique, unie autour du oui.

Même si les résultats concrets sont limités, il ne faut pas sous-estimer le poids politique et symbolique de ces jaillissements démocratiques.