Un été 2015 fort en misogynies

La chronique féministe • Malgré la pause estivale et les journaux qui maigrissent pendant deux mois, le monde a connu son content de mauvaises nouvelles: les attentats terroristes qui, eux, ne connaissent pas de vacances, la crise en Chine, qui va probablement plomber l’économie mondiale, la Grèce étranglée, où les morts, désormais, sont plus nombreuses que les naissances, et ce flux continu de migrants qui viennent de partout et tentent de passer les frontières européennes.

Voilà, c’est déjà la rentrée, l’été a passé comme un rêve…

Malgré la pause estivale et les journaux qui maigrissent pendant deux mois, le monde a connu son content de mauvaises nouvelles: les attentats terroristes qui, eux, ne connaissent pas de vacances, la crise en Chine, qui va probablement plomber l’économie mondiale, la Grèce étranglée, où les morts, désormais, sont plus nombreuses que les naissances, et ce flux continu de migrants qui viennent de partout et tentent de passer les frontières européennes.

A ce propos, la situation est non seulement dramatique pour ces malheureux, mais absurde. Ils dépensent 18 milliards de dollars pour atteindre l’UE, qui, elle, en dépense 16 pour les empêcher de venir ! En outre, d’ici une vingtaine d’années, à cause du vieillissement de la population européenne, nous aurons besoin de 30 millions d’étrangers pour payer nos assurances sociales. Au lieu de lutter contre ce flux migratoire, que rien n’arrête, nous ferions mieux de l’accompagner et de le contrôler, ne serait-ce que pour préparer notre propre avenir. Angela Merkel semble l’avoir compris avant tous les autres chefs d’Etat.

En lisant les journaux, en écoutant la radio et la télévision, j’ai appris qu’outre-Atlantique, où la campagne présidentielle fait rage, un certain Donald Trump, Républicain, milliardaire, magnat de l’immobilier, recueille plus de 20% des voix, malgré ses multiples débordements. Une étude de l’institut ORC le place en deuxième position, devant Scott Walker (13 %) et Jeb Bush (12 %) des intentions de vote chez les républicains, alors que quatorze candidats se disputent l’investiture.

Dès l’annonce de sa candidature, Trump a stigmatisé les immigrés illégaux arrivant du Mexique, estimant que certains « sont des gens biens » mais que « la plupart sont des criminels et des violeurs ». Des propos extrêmes qui ont suscité une vague d’indignation. Il a perdu plusieurs contrats dans les médias et dans les affaires.

Sans être entré dans le détail de son programme – bâti sur un slogan : «Faire que l’Amérique soit grande à nouveau» – Donald Trump fait parler de lui en appliquant une formule toute simple:

– faire une déclaration fracassante, fausse et si possible choquante dans les médias;
– être invité dans les mêmes médias pour se justifier;
– assumer ses propos ou prétexter avoir été cité hors contexte;
– refaire une déclaration fracassante, fausse et si possible choquante

Pour faire bonne mesure, il s’en prend aussi aux femmes. Il les compare à des truies, des chiennes, des animaux dégoûtants… La célèbre journaliste de Fox News, Megyn Kelly lui pose des questions sur ses propos. Il n’apprécie pas : «Il y avait du sang qui sortait de ses yeux, du sang qui sortait d’elle… de partout», dira-t-il.

Je ne pensais pas qu’on pouvait encore proférer des propos pareillement misogynes en 2015. Ce qui est plus grave, de la part d’un candidat à la présidence des Etats-Unis… Je frémis en pensant qu’il pourrait gouverner «le pays le plus puissant du monde».

Pourtant, des propos sexistes, on entend de toutes les couleurs de la part des politiciens. Petit florilège:
En France. «Les femmes sont là pour faire des enfants» a été le dérapage du sénateur de l’Indre, Jean-François Mayet, membre du parti Les Républicains, qui a fait une malheureuse corrélation entre la désertification médicale et la féminisation de la profession de médecin.

En octobre 2013, le député UMP Philippe Le Ray tente de discréditer l’intervention de la députée écologiste Véronique Massonneau en imitant des gloussements de poule, devant tout l’Hémicycle. La séance sera suspendue et Le Ray perdra le quart de son indemnité parlementaire du mois en réprimande.

Ségolène Royal a avalé bien des couleuvres durant sa carrière politique. En 2005, quand elle pense se présenter aux prochaines primaires socialistes, Jean-Luc Mélenchon, encore membre du Parti socialiste, lui balance : «L’élection présidentielle n’est pas un concours de beauté», oubliant qu’elle a investi quatre ministères et a été élue autant de fois députée. En 2007, Ségolène Royal annonce donc sa candidature à l’élection présidentielle, c’est la première fois en France qu’une femme aurait de bonnes chances de diriger le pays. «Mais qui va garder les enfants ?» demande Laurent Fabius.

Quand les femmes n’en ont pas, cela est aussi sujet à plaisanterie sexiste. «Quiconque a choisi de rester stérile n’a aucune idée de ce qu’est la vie» a dit en 2007 le sénateur australien Bill Heffernan lors d’un assaut rhétorique contre la première ministre de l’époque, Julia Gillard. Cette dernière avait expliqué qu’elle avait fait le choix, très personnel, de ne pas avoir d’enfants, reconnaissant que cela avait facilité sa carrière.

Lors de l’élection présidentielle en Corée du Sud, la candidate Park Geun-hye – et future présidente – se voit aussi reprocher de ne pas avoir d’enfant. Un porte-parole de son adversaire Moon Jae-in déclare qu’elle n’a «aucune féminité» puisqu’elle ne s’est «jamais tourmentée au sujet des enfants, de l’éducation, de prendre soin d’eux ni des prix au supermarché».

On n’arriverait pas à répertorier toutes les boutades sexistes de Silvio Berlusconi qui, notamment, attaquait les femmes des partis adverses sur leur physique. En 2009, au sujet de la protection des femmes dans la lutte contre les viols: «Il faudrait trop de soldats. Il y a tellement de belles filles italiennes que cela ne sera jamais possible! » Sans oublier, sa description de Margaret Thatcher : «C’était une belle chatte».

Babulal Gaur, un député indien, a voulu dénoncer le viol comme un crime social. Mais sa misogynie reprenant le dessus, il a dit que c’était un acte «qui dépend des hommes et des femmes, parfois c’est légitime, parfois c’est injuste». Une sortie intervenue juste une semaine après que deux jeunes Indiennes furent retrouvées pendues et violées dans l’Uttar Pradesh.

Ainsi, je constate avec tristesse qu’au 21e siècle, on n’a guère dépassé le stade de développement du Néanderthalien et qu’il est facile de caresser dans le sens du poil les atrophiés du bulbe de tous les pays.