Stasi 2.0: la Suisse mise en garde par l’Europe

Il faut le dire • Loi sur le renseignement: les pouvoirs très importants octroyés aux services de renseignement suisses ont fait réagir le Commissaire européen aux droits de l’Homme, qui évoque des «menaces sérieuses sur le respect de la vie privée».

Les pouvoirs très importants octroyés aux services de renseignement suisses ont fait réagir le Commissaire européen aux droits de l’Homme, qui évoque des «menaces sérieuses sur le respect de la vie privée».

La nouvelle Loi sur le renseignement, adoptée récemment par les chambres, élargit considérablement les prérogatives des services: pose de micros dans des lieux privés ou publics, installation de mouchards sur les smartphones et ordinateurs personnels, écoutes téléphoniques, tout ceci au nom d’une «surveillance anticipée» possible sans le début d’un soupçon! Dites bonjour à la Stasi 2.0!

Bien que l’on puisse tout de même se demander si, en matière de respect des droits de l’Homme au niveau européen, il n’y aurait pas quelques dossiers plus urgents à traiter, la prise de position de M. Muižnieks est salutaire. En Suisse, pays dans lequel le fichage et la surveillance policière des citoyens font partie de l’ADN politique depuis des siècles, il n’est jamais inutile de rappeler certains principes.

Si l’on pense immédiatement à l’affaire des fiches, la «digitalisation» croissante de nos vies rend la surveillance autrement plus redoutable et efficace que les filatures à vélo et les enquêtes de voisinage quasi folkloriques découvertes à la fin des années 1980. La Loi sur les renseignements ouvre la porte à des violations massives des droits fondamentaux, et les garde-fous prévus sont insuffisants.

Un référendum a été lancé par les Jeunes Verts, la jeunesse socialiste, le Parti pirate et le POP/PST. Reste une question sans réponse: où sont les forces de droite? Où sont nos grands défenseurs des libertés individuelles, du moins d’Etat? Faut-il comprendre que le modèle nord-coréen si facilement vilipendé devient souhaitable, dès lors qu’il est question du pouvoir des services de renseignement?