Un «Super dimanche» électoral

jura • Statu quo aux fédérales, poussée à droite aux cantonales. Au Parlement jurassien, CS-POP perd un siège et le PS deux. Malgré cela, le Jura demeure le canton où l’extrême droite est la moins forte du pays.

Le canton du Jura n’a pas échappé à la règle de ce dimanche d’élections: tout comme au niveau fédéral, les deux vainqueurs des élections cantonales sont l’UDC et le PLR. Ces deux partis n’étaient cependant pas en mesure d’inquiéter les parlementaires fédéraux sortants: Pierre-Alain Fridez (PS) et Jean-Paul Gschwind (PDC) sont confortablement réélus au Conseil national, Claude Hêche (PS) et Anne Seydoux (PDC) au Conseil des Etats. A noter que celle-ci obtient près du double des suffrages de son trop fameux colistier Pierre Kohler. Au Conseil national, PDC et PS sont largement en tête avec respectivement 27,6 et 23,7 % des voix, devant le PLR, 16,8 % et l’UDC, 12,8. Le résultat de CS-POP, 3,8 %, est décevant, nettement derrière les Verts avec 7,3 %. L’ensemble de la gauche apparentée totalise 34,8 % des suffrages. En y ajoutant les «Rauraques du Nord», dont la nette majorité des candidats penchait à gauche, on arrive à 36,2 %, soit une baisse de 5,7 % par rapport à 2011. PDC et UDC sont aussi en baisse, tandis que le PLR est en nette remontée.

Gouvernement: vers le statu quo?
Le premier tour de l’élection au gouvernement cantonal a donné des résultats assez clairs. La première place de Charles Juillard (PDC, sortant) était prévue, mais les surprises sont venues de la socialiste Nathalie Barthoulot (nouvelle), arrivée en seconde position et de Jacques Gerber (PLR, nouveau) au troisième rang, devant les deux PDC Martial Courtet et Gabriel Willemin (nouveaux). Michel Thentz (PS, sortant) ne termine que sixième, mais le troisième PDC s’est déjà retiré, estimant que le PDC, ayant perdu quelques plumes dans l’élection au Parlement, ne peut pas briguer trois sièges sur cinq au Gouvernement. Michel Thentz n’est plus menacé que par le chrétien-social David Eray, qu’il a distancé de près de 900 voix. Et il devrait pouvoir compter sur un apport d’électeurs des Verts et de CS-POP au second tour, même s’il a parfois été critiqué de ce côté-là. Déjà sixième il y a cinq ans, il avait finalement dépassé le ministre chrétien-social sortant, pourtant arrivé deuxième au premier tour. Le scénario qui semble le plus probable est donc la reconduction de la composition actuelle du Gouvernement: 2 PDC, 2 PS et 1 PLR. Du côté de CS-POP, on espérait mieux que le résultat obtenu par Rémy Meury, douzième avec 3322 voix (11,5) %, mais c’est tout de même nettement plus que la force du parti.

Parlement: la droite renforcée

La droite (PDC, PLR, UDC) gagne trois sièges pour arriver à 34 élus sur 60. Et à l’intérieur, ce sont les plus à droite qui se renforcent. L’UDC passe de 4 à 8 sièges et le PLR de 8 à 9, tandis que le PDC descend de 19 à 17. Les trois sièges gagnés le sont au détriment du PS, qui passe de 14 à 12 et de CS-POP qui perd son troisième siège. Les chrétiens-sociaux (PCSI) se maintiennent avec 8 sièges et les Verts avec 4. Chez CS-POP, les deux élus sont Rémy Meury, avec 2298 suffrages et Pierluigi Fedele, 2291, tandis qu’Esther Gelso est élue députée-suppléante avec 1939 suffrages. Dans le district de Delémont, CS-POP a passé de 9,6 % des suffrages à 7 %. C’est la première fois depuis 1990 que CS et POP (séparément) ou CS-POP ne sont pas représentés par trois députés. Autant dire que la déception est grande. CS-POP doit réfléchir aux causes de ce recul pour essayer d’inverser cette tendance. Le PS et les Verts subissent aussi une baisse, mais dans une moindre mesure.

Triomphe de l’UDC: à nuancer
Vu que l’UDC a doublé sa députation, sa victoire a eu un large écho dans les médias. Mais si on y regarde de plus près, l’augmentation des sièges est nettement plus importante que l’avance réelle dans l’électorat. L’UDC passe de 9,55 % à 12,9 %. C’est bien sûr une percée importante, mais on est loin du doublement. En outre, au Conseil national, c’est l’inverse, elle recule de 2,7 %. Et avec moins de 13 %, le Jura reste le canton où l’extrême-droite est nettement la moins forte en Suisse.