Les jeunes Suisses, tous xénophobes?

Il faut le dire • Qui a dit que les jeunes votaient toujours à gauche? À l’occasion des dernières élections fédérales, une large part des primo-votants entre 18 et 24 ans ont soutenu - à hauteur de plus de 27% - l’UDC. Une tendance que l’on constate aussi dans de nombreux autres pays dans l’Union européenne, comme en France où, depuis 1988, le FN réalise de très bons scores parmi les jeunes, souvent supérieurs à la moyenne des Français. Pour autant, ces résultats veulent-ils dire que tous les jeunes sont xénophobes?

Qui a dit que les jeunes votaient toujours à gauche? À l’occasion des dernières élections fédérales, une large part des primo-votants entre 18 et 24 ans ont soutenu massivement – à hauteur de plus de 27% – l’UDC. Une tendance que l’on constate aussi dans de nombreux autres pays dans l’Union européenne, comme en France où, depuis 1988, le FN réalise de très bons scores parmi les jeunes, souvent supérieurs à la moyenne des Français.

Pour autant, ces résultats veulent-ils dire que tous les jeunes sont xénophobes? Une enquête de l’Observatoire économie langue formation (élf) de l’université de Genève vient nuancer cette première impression. Basée sur les interviews d’un échantillon de 40’000 jeunes, cette recherche intitulée «Suisse. Société multiculturelle» et sortie fin septembre s’interrogeait sur les rapports des jeunes Suisses, dont 13% de doubles nationaux, face au thème de l’interculturalité.

Il en ressort que les jeunes, dans leur grande majorité, à l’exception de sous groupes à risque, menacés par les idéologies xénophobes, ne rejettent les manifestations de l’altérité qui si elles remettent en cause les normes sociales, politiques et juridiques auxquelles ils tiennent. Ces valeurs vont de l’égalité entre les sexes, au refus de la censure dans les médias ou la tolérance à l’union entre personnes du même sexe. On trouve aussi un fort consensus pour accepter des propositions telles que «les personnes de toute origine doivent pouvoir pratiquer leur religion dans leur vie privée comme elles veulent». Ces constatations ont finalement de quoi rendre optimiste la gauche, du fait que c’est elle qui, dans l’histoire et au nom de la laïcité, de l’égalité ou du droit à la différence, a porté le combat pour les valeurs en lesquelles se reconnaissent les jeunes. Mais tout en continuant obstinément ces combats, faut-il encore que la gauche aborde de front les inquiétudes de certains jeunes qui, sous l’influence de la droite nationaliste, ne voient plus l’altérité que comme un tout monolithique qui menacerait la Suisse.