Merci, Luc!

Il faut le dire • Dans le canton de Vaud, le sénateur vert Luc Recordon n’a pas été réélu...

Dans le canton de Vaud, le sénateur vert Luc Recordon n’a pas été réélu: c’est un homme ouvert, sympathique, très compétent et aux convictions sincères qui quitte la scène. Résolument antinucléaire, on se souvient également de son engagement contre la mainmise de l’industrie OGM sur le vivant: en 2009, il avait notamment participé au pique-nique anti-OGM organisé à Pully par la section locale du POP, et qui avait réuni plus de 300 personnes.

Classe jusqu’au bout, et bien que brillamment réélu au Conseil national, Luc Recordon a fait passer l’intérêt de son parti avant le sien et s’est retiré au profit d’Adèle Thorens, co-présidente des Verts ayant perdu son siège.

Malgré la beauté du geste, ce type de rocade laisse un arrière-goût amer, d’abord, parce que la volonté des électeurs n’est pas respectée, ensuite parce qu’un Vert défenseur des milieux populaires cède sa place à celle qui symbolise aujourd’hui le virage à droite du parti, le refus de l’idéologie, le fameux «pragmatisme», la fameuse «capacité de compromis», cache-sexe de la perte de boussole politique.

Il y a quelque chose de déplaisant à voir Mme Thorens pareillement repêchée, avec tout le respect que nous lui devons, alors que la ligne qu’elle défend à la tête des Verts conduit le mouvement dans le mur, élection après élection. Que Madame Thorens ne soit pas parvenue à conserver son siège alors qu’elle bénéficie, en sa qualité de co-présidente nationale, d’un accès quasi quotidien à tout ce que la Suisse romande compte de médias devrait pourtant inciter à la réflexion, et éventuellement questionner la base.

Contre l’évidence, les Verts semblent pourtant vouloir persister dans la même voie. Malgré les revers, l’heure n’est toujours pas venue d’une discussion franche et cordiale, d’une remise en question de la ligne et des personnes. Pourquoi, par exemple, faudrait-il laisser au paysan UDC Toni Brunner le monopole de la représentation politique des milieux de la terre? Pourquoi les Verts sont-ils aujourd’hui dirigés par une aile bobo-urbano-bio totalement déconnectée, aussi éloignée de la terre et de ceux qui y travaillent qu’il soit possible d’imaginer? A quand un Fernand Cuche en président du parti?