Notre-Dame-des-Landes: les bétonneurs gagnent une manche

Il faut le dire • Dans l’ouest de la France, le béton armé vient de remporter une manche contre le triton crêté. La justice vient en effet d’autoriser l’expulsion des derniers agriculteurs et familles vivant sur le site où la multinationale Vinci souhaite construire un nouvel aéroport.

Manifestation à Nantes contre la construction de l'aéroport, en 2014.

Dans l’ouest de la France, le béton armé vient de remporter une manche contre le triton crêté. La justice vient en effet d’autoriser l’expulsion des derniers agriculteurs et familles vivant sur le site où la multinationale Vinci souhaite construire un nouvel aéroport.

Dans ce dossier, le silence du président Hollande, élu en 2012 à l’aide de voix écologistes, devient de plus en plus assourdissant. Il y a deux mois à peine, le président français concluait la COP21 par ces mots pleins de gravité: «Nous entrons dans l’ère du bas carbone. C’est un mouvement puissant et irréversible et ce mouvement va bien au-delà des Etats et des Gouvernements, des milliers de régions, de provinces, de villes, se sont engagées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.» Verra-t-on ce même président autoriser cette aberration écologique que serait l’aéroport du grand ouest? Le saccage d’une zone humide de 1200 hectares, alors que ce type de biotope est en très forte diminution à l’échelle nationale?

Dans le bocage nantais, la résistance ne faiblit pas. On se souvient qu’en 2012, une première opération d’évacuation avait été abandonnée, suite notamment aux frictions politiques qu’elle avait engendrées au sein de la coalition de gauche au pouvoir. Même José Bové, qu’on dit pourtant passablement assagi, a affirmé récemment à la chaîne Public Sénat: «Des milliers de personnes vont venir sur le terrain pour protéger les fermes et les habitations. Personne ne laissera expulser les paysans, et moi le premier.»

Vu de Suisse, on ne peut que regretter que les outils de la démocratie directe que nous possédons ne puissent être utilisés par les habitants de la région. A l’évidence, la situation est désormais si tendue, les fronts tellement durcis, que seule une consultation populaire pourrait réellement asseoir la légitimité d’une décision, qu’elle aille dans le sens de la construction ou de l’abandon du projet.