Merci Marc !

courrier des lecteurs • Véra Tchérémissinoff, de l’association vaudoise Opre Rom, nous écrit pour saluer le travail effectué par le municipal lausannois Marc Vuilleumier en faveur des Roms et appeler les politiques à remédier à toute situation de discrimination.

Alors que Marc Vuilleumier arrive à la fin de son mandat de Municipal en Ville de Lausanne, il est important de revenir sur son action. Je le dis haut et fort, il est l’un des très rares à avoir pris la mesure de la détresse des Roms pauvres et souvent mendiants qui sont arrivés en 2007/2008 dans les rues lausannoises. Vus par certains comme de «faux pauvres»,«bandes organisées», voire «mafias», Marc, de par sa personnalité et sa culture politique, les a vus pour ce qu’ils étaient réellement: des laissés pour compte, des rejetés, des familles acculées à la survie et ceci au niveau d’un scandale européen.

La pauvreté,il faut le dire,est en général mal vue chez nous. Elle est suspecte. «Ils n’ont qu’à travailler!» entend-on souvent. Travailler quand on est analphabète,qu’on a aucune formation,qu’en plus on fait partie d’un groupe discriminé et que les possibilités sont durement règlementées? Marc Vuilleumier a tenté d’agir au niveau de la plus grande urgence: un toit. N’est-il pas un des premiers droits de l’homme?

Je sais qu’à la suite de l’évacuation en 2012 des jardins de Vidy, où de nombreux Roms occupaient des anciennes baraques de jardins familiaux, il a tout tenté pour proposer une solution. Je sais qu’il l’a payé par une forte opposition et des nuits blanches. Notre association alors naissante n’a pu le soutenir autant que nous l’aurions voulu. Mais nous nous sommes retrouvés il y a 2 hivers,et grâce à l’appui de Marc Vuilleumier, les Roms sans abris de Lausanne ont pu passer un hiver décent sous la tente de la pétanque,près du bowling de Vidy. Il est même venu en personne les saluer, discrètement, et prendre des nouvelles. Un miracle de Noel avait eu lieu cette année: un artisan de la région -dont je n’ai même plus les coordonnées…s’il se reconnaît – avait offert un repas,un sapin et une fête aux quelques 40 Roms qui se trouvaient là. Noël inoubliable grâce à eux! Cette année, aucune solution n’a été trouvée, mais nous n’avons pas dit notre dernier mot. Les pauvres d’ici et d’ailleurs, il faudra bien y penser,ils ne vont pas disparaître par magie. Il est impératif que leur voix soit entendue, c’est pour cela que je me présente au Conseil Communal et que je me réjouis de la candidature de David Payot, une relève plus que crédible. Cette voix-là ne doit pas se taire!

Pour finir, je cite Pascal Wagner-Egger à propos des ravages de la discrimination:«Des stratégies psychosociales peuvent heureusement aider les individus à la supporter, mais sans y remédier véritablement. C’est là le rôle de la politique ,qui ces dernières années en Suisse n’en prend pas le chemin…..». Et enfin Martine Brunschwig Graf, présidente de la CFR (Commission fédérale contre le racisme): «Il manque aujourd’hui un discours politique clair en la matière (Roms,yéniches,….), il est temps de se réveiller.» n

Véra Tchérémissinoff, Fondatrice et présidente de l’Association Opre Rom