La Conférence de Kienthal, un jalon pour la paix

ÉVÉNEMENT • Le PST organise le 30 avril une conférence internationale en souvenir de la Conférence de Kienthal, qui s’est tenue il y a cent ans. Celle-ci avait donné lieu à des critiques très fermes contre les socialistes, qui avaient donné leur soutien aux gouvernements bellicistes. Paru dans Vorwärts Traduction par Martin Schwartz

Depuis le début du 20ème siècle, il apparaissait que les tensions entre grandes puissances impérialistes déboucheraient sur une escalade militaire gigantesque. Déjà en 1893, Friedrich Engels, grand connaisseur des affaires militaires, avait averti, dans le cadre d’une interview donné à un journal anglais, qu’«en comparaison avec la prochaine guerre, les guerres précédentes apparaîtront comme des jeux d’enfants». La lutte contre la menace de la guerre était l’une des plus importantes et populaires exigences de la IIème Internationale, fondée en 1889 par le rassemblement des partis socialistes de tous les pays.

Le mensonge de la défense de la patrie

En 1912, l’Internationale a organisé un congrès extraordinaire à Bâle afin de déclarer ouverte la lutte contre la menace d’une Guerre Mondiale. Toutefois, lorsqu’en été 1914 un incident a conduit à une escalade de grande envergure, la solidarité entre mouvements ouvriers ne s’est pas réalisée. Presque tous les socialistes membres de parlements ont approuvé les crédits militaires. L’opposition à la guerre n’a été le fait que de petits groupes de l’opposition, comme le groupe Spartacus autour de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, en Allemagne. Ces groupes et les partis se trouvant dans les pays neutres ont essayé de ne pas laisser les relations internationales être réduites à néant. Au printemps 1915 a eu lieu à Berne une rencontre des organisations internationales des femmes et des jeunesses, rencontre prenant clairement position contre la guerre. En septembre 1915, à Zimmerwald, et en 1916, à Kienthal, deux conférences internationales ont été organisées. Malgré les difficultés dues aux problèmes liés aux passeports, des représentants et représentantes de partis socialistes de 11 pays ont pu se réunir et élaborer un manifeste commun. Ce manifeste a désigné l’impérialisme comme cause profonde de la guerre, a mis à nu le mensonge de la défense de la patrie et a attribué aux classes dominantes la responsabilité de la guerre. Ce manifeste exhortait les membres de la classe ouvrière à «commencer immédiatement et de façon résolue la lutte et de reconquérir le droit à l’autodétermination». Une commission a été créée et un bureau international provisoire a été ouvert à Berne.

Un signal important

Fin avril 1916 s’est tenue la deuxième conférence internationale, à Kienthal. N’ont été admis à cette conférence que les «représentants d’organisations politiques ou syndicales, ainsi que des personnes qui, individuellement, avaient accepté les conclusions de la conférence de Zimmerwald». Une résolution devait donner clairement à comprendre la nature réelle de la guerre et les possibilités de prévenir le danger de nouvelles guerres. Le manifeste est incisif contre les socialistes, qui ont donné leur accord à la conduite de la guerre par les gouvernements nationaux.

Ces deux conférences ont donné un signal important: la solidarité des mouvements ouvriers avait certes échoué en 1914, mais n’avait pas disparu pour toujours. Plus la guerre durait, plus l’indignation au sujet des sacrifices demandés à la classe ouvrière s’amplifiait, alors qu’un groupe restreint de profiteurs capitalistes ne cessait de s’enrichir. Les grandes puissances monarchiques d’Europe Centrale et de l’Est ont finalement perdu la guerre et n’ont pas survécu à cette défaite: en 1917, l’Empire des tsars, puis en 1918 les monarchies austro-hongroises et allemandes ont été balayées par la Révolution. Mais même dans les pays neutres ou victorieux il y a eu de très importantes grèves et protestations dues aux conditions de vie détériorées par la guerre.
La conférence que le PST organise le 30 avril a pour but de souligner la signification de la Conférence de Kienthal pour notre époque. Il faudra dénoncer l’hypocrisie de la bourgeoisie actuelle, qui n’hésite pas à favoriser les conditions d’une nouvelle guerre. Il faudra aussi se questionner au sujet de ceux des mouvements pacifistes qui ne reconnaissent pas le lien entre capitalisme et guerre; il faudra aussi se positionner au sujet du prolétariat migrant qui est en fuite en raison de la destruction, par les puissances capitalistes, des pays du Proche-Orient.