Après 5 ans, le vent du 15M souffle encore

il faut le dire • Il y a 5 ans pratiquement jour pour jour naissait à Madrid le mouvement du 15M, rebaptisé par la suite «les Indignés». Aujourd’hui, le «Nuit debout» français lui fait écho.

Le 15M avait débuté à Madrid en 2011. Aujourd'hui, «Nuit debout», fonctionne sur le même modèle. Le mouvement se veut horizontal, sans hiérarchie. Les décisions, prises en assemblées, doivent être approuvées par 80% des participants.

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Il y a 5 ans pratiquement jour pour jour naissait à Madrid le mouvement du 15M, rebaptisé par la suite «les Indignés». Dans une Espagne laminée par la crise économique, jeunes sans perspectives, salariés, chômeurs, précaires et simples citoyens se rebellaient, multipliant les assemblées et discussions pour rechercher des alternatives. Initié par l’occupation de la Puerta del Sol, le mouvement avait essaimé dans de nombreuses villes du pays et au-delà. En Grèce, notamment, la population, écrasée par l’austérité, manifestait son ras-le-bol sur la place Syntagma d’Athènes, et partout, des habitants décidaient de reprendre le pouvoir sur leurs destinées, expérimentant de nouvelles formes d’auto-organisation et de solidarité.

Aujourd’hui, le «Nuit debout» français n’est pas sans rappeler les premières heures des Indignés. Ici, c’est la loi Travail, qui a tout déclenché. Flexibiliser le travail, laisser d’avantage les coudées franches aux patrons, soi-disant à l’avantage des salariés? Une fable que beaucoup n’ont pas gobée. «Marre de ce jeu de dupes», lançaient les Espagnols en 2011. En France, le message est le même, et il ne sortira sans doute que renforcé face à un gouvernement qui n’hésite pas à imposer sa loi au mépris de l’opposition populaire et même de son propre parlement.

Aux antipodes de ce type de fonctionnement, «Nuit debout», comme les Indignés avant lui, se veut horizontal, sans hiérarchie. Les décisions, prises en assemblées, doivent être approuvées par 80% des participants. Non partisan, sans représentants ou porte-paroles, le mouvement se méfie de toute récupération par une politique institutionnelle à laquelle il ne croit plus et rejette la prise de pouvoir au profit de la construction de solidarités. Contre la dérive néolibérale européenne et le repli sur soi proposé par l’extrême droite, il ose surtout rêver et penser un autre monde, où chacun aurait sa place. Le mouvement appelle d’ailleurs à une mobilisation internationale à l’occasion de l’anniversaire du 15M.

Dans plusieurs pays européens, des pans entiers de population prennent conscience, protestent, cherchent des alternatives et expérimentent de nouvelles formes de participation. Si les défis à affronter pour trouver des réponses sont nombreux, à l’image des difficultés et échecs rencontrés par certaines mobilisations passées, cette effervescence, qui réapparaît régulièrement, ne peut être que porteuse d’espoirs. Le chemin se fait en marchant.