Bernard Friot défend salaire à vie contre RBI

Votation DU 5 juin • Vaut-il mieux un revenu de base inconditionnel (RBI) ou un salaire à vie? Le thème à fait l’objet d’un débat animé le 17 mai à Genève.

Partisan du RBI et membre du comité de Bien-CH, Julien Dubouchet-Corthay a rappelé que le revenu de base, soumis au vote le 5 juin, est une allocation universelle et doit servir à couvrir les besoins de base. Le RBI est un revenu-socle qui n’interdit aucun autre type de rentrée financière. Le RBI, qui pourrait se monter à 2’500 francs par mois, se veut aussi inconditionnel, attribué individuellement à tous, avec un bémol cependant, il faudra résider en Suisse pour y avoir droit. A ceux qui lui reprochent d’avoir fait l’impasse sur le financement du RBI, il rappelle que l’inscription du financement aurait été difficilement compatible avec le principe d’unité de matière dans l’initiative. Le comité pour le RBI a fait le choix délibéré de penser plutôt un principe.

Socialiser les salaires

Professeur émérite en sociologie, le spécialiste des systèmes de protection sociale en Europe, Bernard Friot, considère que le RBI, sous sa forme proposée, est «la roue de secours du capitalisme». L’animateur de l’association d’éducation populaire Réseau Salariat, propose plutôt un salaire à vie. Celui-ci serait un droit à vie, déconnecté de l’emploi et d’un poste de travail, d’autant plus quand ces derniers deviennent de plus en plus précarisés et «ubérisés». Son montant serait modulé sur le progrès des qualifications du travailleur. Pour ce faire, Bernard Friot part de ce qu’il appelle le déjà-là. «En France, nous avons un modèle de socialisation des salaires. Presque 45% de la valeur économique créée sert à financer les salaires de la fonction publique ou est directement affectée à la sécurité sociale, par exemple pour les retraites qui ne sont rien d’autre que la continuation des salaires acquis», a souligné le Français, qui revendique une amplification de ce système. Cela suppose que l’on mutualise toute une partie des valeurs ajoutées de chaque entreprise ,pour que des caisses publiques puissent payer les salaires. Bernard Friot veut aussi en finir avec la propriété lucrative pour la remplacer par la propriété d’usage, seule à même de permettre aux travailleurs de décider de l’investissement, de ce qui va être produit, de la hiérarchie ou du collectif de travail. Tout en soulignant des «possibilités de convergence», Julien Dubouchet estime que le salaire à vie est encore un projet à terme très lointain. «Le RBI est moins ambitieux, mais il génère déjà une large mobilisation.» Il défend aussi le fait que le RBI s’attaque au mythe du travail et permettrait de réduire l’exclusion des personnes sans emploi. Membre du Réseau Salariat suisse, Aristides Pedraza conclut la soirée en dénonce la «naïveté» du RBI. «Le revenu de base fait la promotion de l’auto-entrepreneuriat dans un moment historique du capitalisme marqué par une destruction massive des emplois et de pression sur une main-d’œuvre sous-payée, voire gratuite dans les stages. Il se situe en dehors du régime salarial conquis par des luttes de longue haleine. Or, seule l’insertion dans le travail nous donne les possibilités de lutter», souligne le syndicaliste de Sud-Vaud