Le «bon sens» selon l’UDC

VAUD • Après le tollé provoqué dans les médias et jusque dans ses propres rangs par son document «la voie du bon sens», le parti a décidé de revoir sa copie.

Le chapitre sur la famille, largement critiqué dans les médias et même au sein du parti, notamment par les femmes, ne figurait plus, mercredi, sur le site internet de l’UDC Vaud. «Ce présent chapitre fait actuellement l’objet d’une mise à jour», pouvait-on y lire. C’est que les propos qu’on y trouvait en ont choqué plus d’un: il y était question notamment des «effets dévastateurs» du féminisme, comme l’augmentation des avortements ou l’épanouissement des femmes hors du cadre familial, ou encore de la nécessité de réintroduire dans la loi «le devoir de correction» sur les enfants, notamment la gifle. Les carences psychologiques et éducatives pouvant découler d’un placement des enfants en crèche étaient également soulignées, se traduisant par «l’augmentation des phénomènes suivants: enfants tyrans, adolescence débutant de plus en plus tôt et se terminant plus tard, incivilités verbales et comportementales à l’école comme dans l’espace public, délinquance, consommations diverses».

Une justice trop laxiste

«Nous allons reconsidérer notre propos non pas sur le fond, mais sur la forme», a commenté Kevin Grangier, secrétaire général de l’UDC Vaud, dans le quotidien 24 heures. Nous voilà rassurés! Le reste du programme n’en demeure pas moins interpellant. En matière de sécurité, par exemple, le but du parti est de se rapprocher de la tolérance zéro concernant les graffitis, les souillures diverses et la mendicité. Ceci alors que quelques lignes plus haut, il est demandé aux autorités d’être moins strictes avec les infractions routières. Un autre paragraphe nous explique qu’il faut «laisser aux citoyens la possibilité de s’armer librement (…). Historiquement, le port d’armes est synonyme de citoyenneté en Suisse. Pouvaient, en son temps, voter et prendre part aux décisions les hommes armés…». Qu’il est loin, ce bon vieux temps.

Stopper les initiatives anti-entreprises

Pour le parti, sans surprise, les assurances sociales coûteraient trop cher à l’Etat, la faute aux immigrés et demandeurs d’asile. Par ailleurs, la culture, la santé, les loisirs et la prévention ne devraient pas bénéficier de financements issus des impôts ou des taxes. Un monde de personnes malades, qui ne feraient que travailler sans aucun loisir ou culture? En matière de santé, l’UDC dévoile sans gêne son absence de volonté d’aider les familles dans le besoin: elle appelle ainsi à refuser l’initiative qui permettrait le remboursement des soins dentaires. «Ces frais, rarement insupportables pour les personnes et les familles tant soit peu prévoyantes, peuvent être évités dans une large mesure par la prophylaxie», affirme-t-elle. Quant il s’agit de défendre les riches en revanche, pas de problème. L’UDC défend ainsi le concept de «licence box», qui permet aux entreprises une imposition préférentielle. Il dénonce en outre les initiatives «anti-entreprises» telles que 1:12, AVS plus, ou le salaire minimum, qui susciteraient «une incertitude croissante quant à la stabilité de nos conditions-cadres.»

Des sources explicites

Finalement, certaines des sources utilisées sont édifiantes. Ainsi, en page 10, on peut apprécier six lignes de Charles Maurras. Un écrivain, journaliste et homme politique français, qui a soutenu le régime de Vichy et qui était directeur du journal l’Action française, considéré d’extrême droite.