Une défense de l’égalité à géométrie variable

il faut le dire • Il y a 25 ans, le 14 juin 1991, les femmes de toute la Suisse se mettaient en grève.

Il aura fallu 500’000 femmes dans les rues pour que le législateur daigne, en 1996, boucler une loi d’application au principe d’égalité, 15 ans après son entrée dans la Constitution suisse par vote populaire. Aujourd’hui, alors que les 20 ans de cette loi sont célébrés, force est de constater que le même législateur ne semble pas pressé de prendre les mesures nécessaires pour assurer son application.

Au contraire, le Conseil national et sa majorité PLR-UDC, composée principalement «d’hommes quinqua pour qui ce n’est pas une priorité», comme le rappelle la Conseillère d’Etat Monika Maire-Hefti dans la presse neuchâteloise, ne s’est pas gêné de biffer le projet de révision de la loi sur l’égalité proposé par le Conseil fédéral du programme de législature 2015-2019 (préférant donner la priorité absolue à toutes sortes de programmes en faveur des plus riches).

Le projet, pourtant, est loin d’être révolutionnaire. S’il prévoit un «examen des salaires obligatoire tous les quatre ans par chaque entreprise de plus de 50 personnes» (la majorité des entreprises suisses comptent moins de 50 personnes), il ne contient en revanche «aucune obligation de corriger les erreurs, ni aucune sanction pour les entreprises en infraction», comme le relève UNIA. «Sans contrôles obligatoires et réguliers et surtout sans sanctions étatiques dissuasives, aucune révision ne sera à même de faire évoluer les choses sur le front de la discrimination salariale dont souffrent en majorité les femmes actives du pays», insistent encore Syna et Travail.Suisse.

Quand il s’agit d’augmenter l’âge de la retraite des femmes, de voler à leur secours lorsqu’elles sont agressées par des «immigrés» en Allemagne, ou d’instrumentaliser politiquement la question du voile, les mêmes quinquas de droite n’hésitent pourtant pas à s’afficher fièrement en brandissant le principe d’égalité.

«Les femmes bras croisés, le pays perd pied!», scandaient les grévistes en 1991 en guise de slogan. Il serait peut-être temps, pour les femmes de ce pays, de songer à lui redonner vie.