Le Big Ben du mépris de classe!

Il faut le dire • Le niveau de mépris à l’égard des couches populaires atteint une nouvelle fois des sommets, à l’occasion de la campagne sur le Brexit. Si l’on connaît mal la situation en Grande-Bretagne, on est certains par contre qu’en Suisse, les élites médiatiques ont choisi leur camp, et s’en donnent à cœur joie! C’est un véritable feu d’artifice! On se paie du pauvre, et on ne boude pas son plaisir! ...

Le niveau de mépris à l’égard des couches populaires atteint une nouvelle fois des sommets, à l’occasion de la campagne sur le Brexit. Si l’on connaît mal la situation en Grande-Bretagne, on est certains par contre qu’en Suisse, les élites médiatiques ont choisi leur camp, et s’en donnent à cœur joie! C’est un véritable feu d’artifice! On se paie du pauvre, et on ne boude pas son plaisir!

A croire que les dernières réserves dont la presse fait preuve lorsqu’il s’agit de campagnes de votations internes peuvent enfin voler en éclat, dès lors que le phénomène d’intérêt est étranger. Entendu par exemple mardi matin, sur les ondes de la Première: les partisans du maintien dans l’UE auraient «gagné la bataille de l’intelligence, les pro-Brexit celle des émotions». Variation sur le même thème, la Grande-Bretagne serait gagnée par un «populisme» inconnu depuis des décennies.

L’idée est toujours la même: le peuple, cette masse parcourue par les passions, fonctionnerait «à l’émotion», selon une catégorisation volontiers utilisée ici et là pour parler des enfants, des animaux et des femmes… L’idée d’un oui au Brexit qui serait réfléchi, rationnel, argumenté, est proprement impensable. Que de mépris de classe à l’égard de ces chômeurs, petits patrons, employés, retraités, habitants des campagnes en voie de désertification, laissés pour compte du service public, qui voteront oui au Brexit!

Sur ces mêmes antennes, il va sans dire qu’on s’inquiète par contre beaucoup des intérêts de la «City», du devenir des banquiers, d’une éventuelle fuite de capitaux (encore qu’ici on semble en même temps s’en réjouir, il y aurait moyen pour nos banques à nous, semble-t-il, de grappiller une partie du pactole…) Comme toujours en pareilles circonstances (vote français sur la constitution européenne, référendum récent aux Pays-Bas), l’unanimité médiatique ne peut que pousser, par une sorte de réflexe instinctif, à soutenir le camp d’en face.