Zugzwang en Europe

Il faut le dire • Avec l’épisode britannique, on se doute bien que l’agenda européen de ces prochaines années pourrait être rythmé par de nouvelles votations populaires sur la sortie ou non des pays de l’Union...

Avec l’épisode britannique, on se doute bien que l’agenda européen de ces prochaines années pourrait être rythmé par de nouvelles votations populaires sur la sortie ou non des pays de l’Union. Marine Le Pen a déjà annoncé vouloir prendre exemple sur le référendum en Grande-Bretagne pour la France. Il est clair que la montée inexorable du sentiment anti-européen au sein des 28 ne semble pas pouvoir être arrêtée dans les prochaines années, on doute même que ce soit la volonté des élites bruxelloises, qui, en creusant le fossé avec les populations, creusent en même temps leur propre tombe. La séquence grecque de l’été dernier, digne des films de mafieux les plus sordides, a sans doute plus fait pour la destruction européenne que tous les discours périlepénistes. L’UE est bien un monstre froid qui ne défend plus que les intérêts d’une minorité, si tant est qu’il en fut un jour autrement.

Cela étant dit, les forces politiques qui ont enfourché le cheval de bataille de la sortie de l’Europe espèrent exploiter le sentiment de rejet provoqué dans la population, tout en diffusant des idées réactionnaires de repli et de méfiance, pour arriver au final à la destruction du tissu social. De la velléité des promoteurs du Brexit d’aller encore plus loin dans le démontage social au gloubiboulga mariniste qui récupère à tour de bras De Gaulle, Jaurès et Léon Blum pour mieux servir une infecte soupe nationale-libérale dans les nouvelles mairies frontistes, on ne peut raisonnablement espérer que ce chemin-ci mène vers un avenir plus radieux.

Ainsi, on se retrouve avec deux solutions, dont on sait déjà que chacune d’elles est mauvaise: se laisser étouffer par une ploutocratie insensible ou s’engager sur la voie d’une balkanisation de l’Europe pilotée par des conservateurs exaltés. Dans ce zugzwang où chaque prochain coup ne fait que dégrader la position populaire dans la partie qui est jouée, peut être que les populations n’ont plus d’autre choix que de redécouvrir un concept qui avait fait fureur à une certaine époque dans une contrée pas si éloignée: l’amitié entre les peuples.