AVSplus, c’est le moins qu’on puisse faire

Suisse • L’augmentation des rentes AVS de 10%, exigée par l’initiative des syndicats et de la gauche et soumise au vote le 25 septembre, représente un minimum pour les retraités.

S’il est bien un dossier chaud de la rentrée, c’est celui des retraites. Au cours de la session d’automne des chambres, le parlement débattra du paquet Berset «Prévoyance vieillesse 2020». Et sur ce thème, la droite a déjà annoncé la couleur par l’entremise de sa commission de la sécurité sociale du National. Elle veut abaisser le taux de conversion minimal de 6,8 à 6% du deuxième pilier, rejette l’augmentation de 70 francs de toutes les nouvelles rentes, couper dans les rentes de veuves, tout en relevant progressivement l’âge de la retraite à 67 ans pour tous. Face à ces menaces, l’acceptation de l’initiative AVSplus est donc indispensable pour peser dans le rapport de force politique qui s’instaure. Les raisons pour augmenter d’environ 200 francs le premier pilier pour les personnes seules et de 350 francs celles des couples sont multiples selon l’«Alliance pour une AVS forte» qui regroupe le PS, les Verts et les syndicats. Il y a tout d’abord la hausse des coûts de la vie, notamment ceux des primes des assurances-maladie, qui fragilisent la situation économique des aînés, alors même que les rentes du deuxième pilier baissent constamment. «En 2017 ­aussi les coûts des caisses maladie augmenteront à nouveau et les loyers pèsent lourdement dans le budget des seniors. Aujourd’hui, un retraité doit dépenser pour le loyer d’un appartement de deux pièces et les primes de la caisse-maladie presque 70% de sa rente maximale de vieillesse. Il y a 40 ans, c’était encore sous la barre des 50%. Les coûts des soins à domicile augmentent aussi: de 84% depuis 1996. Les personnes âgées peuvent aussi de moins en moins recevoir l’aide et la prise en charge de leurs enfants et il faut utiliser les économies pour les coûts des soins», soulignait ainsi Adrian Wuthrich, président de Travail.Suisse, lors de la conférence de presse de lancement de campagne de la gauche le 30 juin dernier. Les initiants rappellent aussi que l’AVS est stable, parce que les cotisations qu’elle encaisse sont directement reversées sous forme de rentes et que ces coûts administratifs sont réduits, ce qui en fait l’assurance-vieillesse la plus sûre. Dernier élément de poids, le fait que le renforcement de l’AVS bénéficiera particulièrement aux femmes, qui sont aujourd’hui 38% à n’avoir que les rentes AVS pour vivre.

Une légère augmentation des cotisations

Le fait que de plus en plus de retraités doivent recourir aux prestations complémentaires (PC) pour leur assurer la couverture de leurs besoins vitaux n’émeut guère la droite et l’UDC, qui ont axé toute la campagne sur les coûts de l’initiative, qui s’élèveraient à 4 milliards par année. Du côté des initiants, on relativise ce chiffre, en rappelant que le montant de cette dépense pourrait être absorbé par une légère augmentation des cotisations sociales, 0,4% de part salariale supplémentaire et autant du côté patronal, soit environ 16 francs par mois pour un salaire de 4’000 francs. Autres temps, autres mœurs. «Les partis de droite ont suivi quand il s’agissait de développer l’AVS. Jusqu’à la fin des 1970, la politique de la droite et des employeurs visait le développement de l’AVS et pas son démantèlement. En 1972, les Conseils national et des Etats ont décidé à l’unanimité d’augmenter la rente AVS de 220 à 500 francs, soit de la doubler, pour l’amener à environ 27% du salaire moyen de l’époque», a critiqué Doris Bianchi, secrétaire dirigeante de l’USS et spécialiste de la prévoyance vieillesse lors de la conférence de presse de l’Alliance. Aujourd’hui, cet intermède est définitivement clos et la droite roule ouvertement pour la capitalisation privée et les caisses de prévoyance privées. «Depuis 1975, moment de la création du deuxième pilier, considéré comme le nec plus ultra, les disciples de la capitalisation sont parvenus à imposer que les rentes AVS soient endiguées depuis 40 ans, avec de pingres adaptations au coût de la vie calculées tous les deux ans, il est donc l’heure d’augmenter ces rentes et de dire oui à AVSplus», estime aussi la Vaudoise Christiane Jaquet, présidente de l’AVIVO-Suisse et co-présidente de la Fares, dans les colonnes de Résistance. Cette spécialiste du dossier explique aussi que l’AVS, grâce à son système solidaire, simple et transparent et la participation à hauteur de 19,5% de la Confédération à travers les impôts sur l’alcool et le tabac, a toujours su faire face aux crises et aux aléas économiques. «La légère diminution du rendement l’an dernier fut compensée sans problème par les milliards du Fonds AVS qui se porte à merveille au point d’avoir pu prêter 1,5 milliard à l’AI», relève-t-elle encore. Autant d’arguments qui appellent à un «oui» ferme et contondant dans les urnes pour renforcer le pilier le plus vieux, le plus solide et le plus solidaire de notre prévoyance vieillesse et aider ceux qui n’ont que l’AVS pour vivre.

Manifestation nationale en faveur de l’initiative et contre la RIEIII et la discrimination des migrants, samedi 10 septembre, 14h, à Berne. Train syndical gratuit depuis Genève, départ à 11h33. Pour les autres villes romandes, inscription préalable auprès du secrétariat Unia le plus proche.