Racistes!

Il faut le dire • Nommé à la présidence de la Fondation pour l’Islam de France, Jean-Pierre Chevènement a tenu des propos qualifiés de polémiques, déclarant au micro de France Inter que dans la ville de Saint-Denis, «80 % des enfants en primaire ne maîtrisent pas la langue française».

Il a également ajouté que la ville comptait «135 nationalités, mais [qu’]il y en a une qui a quasiment disparu». A gauche, les réactions ne se sont pas fait attendre, deux élus PS demandant immédiatement que des sanctions soient prises contre l’ancien ministre de François Mitterand, dont les propos sont jugés «scandaleux et racistes».

Raciste également, la philosophe et militante féministe Elisabeth Badinter? Elle aussi s’est attiré ces jours-ci les foudres d’une partie de la gauche en prenant position, au nom du droit des femmes, contre le port du burkini. Elle aussi, dont le parcours militant et intellectuel lui confère une forte légitimité, a dû subir l’accusation infamante de racisme.

D’un point de vue de gauche, on ne peut être que saisi de malaise, pour ne pas dire plus, face à de telles accusations: lorsqu’elle substitue l’insulte à l’échange d’arguments, la gauche n’est plus la gauche. On peut bien sûr s’opposer aux positions de Chevènement comme à celles d’Elisabeth Badinter, mais que vient faire le racisme là-dedans? Reste l’impression désagréable qu’une partie de la gauche, en Suisse aussi, s’est muée en une sorte de machine à satisfaire une certaine clientèle, dévoyant totalement le combat antiraciste, pourtant nécessaire.

En enlevant leur poids aux mots, en criant au racisme à tort et à travers, cette gauche-là exerce un chantage odieux qui l’éloigne du peuple, tout en fragilisant le véritable combat antiraciste.