Le coming out, encore un tabou?

LGBTI • Dans le cadre de la journée mondiale du coming out, le 11 octobre, l’association VoGay lance la campagne «et si c’était moi?» Rencontre avec Maryse Bloch, coordinatrice du groupe parents de VoGay.

A l’occasion du Coming Out Day, la communauté LGBT veut sensibiliser à l’isolement dont certains jeunes peuvent souffrir

Dites nous 2 mots sur ce que fait l’association VoGay?

Maryse Bloch L’association lutte pour la diversité sexuelle. L’une de ses actions les plus importantes est de lutter contre l’homophobie dont les jeunes sont victimes. Nous sommes préoccupés par le nombre de suicides ou de tentatives de suicide des jeunes LGBT (lesbienne, gay, bi-sexuel, trans), c’est pourquoi des groupes jeunes ont été créés. Ils sont présents à Lausanne, Nyon, Yverdon, Aigle et Payerne. Il y a aussi un «groupe parents», destiné à aider les familles qui découvrent la sexualité inattendue de leur*s enfant*s, le «groupe chrétien», pour les personnes LGBT engagées dans l’église et qui sont désarçonnées ou qui ont été rejetées par leur congrégation, le «groupe méditation», l’«ENVIH», espace d’informations et d’échanges pour les personnes séropositives, le «groupe international», pour les LGBT allophones, le «PAV», Pôle Agressions et Violence, qui accueille, soutien et renseigne les victimes d’agressions, la ligne «Accueil et écoute» et le Chœur.

En quoi est-ce important de mener une campagne sur le thème du coming out?

Le 11 octobre est la journée mondiale du coming out. Plus ces actes courageux seront nombreux, plus ces orientations minoritaires seront acceptées, moins il y aura d’homophobie. Les jeunes LGBT sont particulièrement isolés. Un enfant victime de racisme parce qu’il est noir ou juif peut se confier à sa famille qui est comme lui. Mais les enfants homosexuels ou trans sont seuls. Ils ont peur de se confier à leur famille ou amis et se retrouvent dans une solitude complète, sans savoir vers qui se tourner.

Que ressort-il du témoignage de ces jeunes?

Ils ont surtout peur d’être rejetés par leurs parents et craignent le regard des autres, d’autant plus que l’adolescence n’est pas une période facile ni pour les jeunes ni pour les parents.

Vous faites partie du groupe parents de VoGay, qui aide les parents face à la question de l’homosexualité de leur enfant.En quoi est-ce parfois compliqué pour eux d’accepter cette réalité?

Le groupe parents est un groupe de parole où les gens s’expriment et échangent. Les parents vont beaucoup mieux quand ils réalisent qu’ils ne sont pas des cas uniques. Ceux qui viennent parler dans ce groupe ont en général accepté l’orientation de leur*s enfant*s, mais ils sont tout de même confrontés à des angoisses, à des problèmes. Parfois, ils sont sous le choc parce qu’ils ne s’y attendaient pas. Une question assez fréquente consiste par exemple à se demander: qu’est-ce que j’ai fait de faux ou est-ce que c’est de ma faute? Mais dans les faits, les parents se font surtout du souci pour leur enfant. Ils craignent que celui-ci ne se fasse agresser par exemple. Ou se questionnent sur la réaction du reste de la famille et des amis. Il faut comprendre que si l’enfant fait son coming out, les parents doivent le faire aussi à leur entourage. Il faut leur en laisser le temps. Malheureusement, ceux qui rejettent leurs enfants et les mettent à la porte, sont complètement fermés à ce sujet et obéissent aux préjugés plutôt qu’à l’amour parental, ne viennent pas au groupe parents.

Dans les écoles est-ce une problématique assez mise en avant?

On forme les enseignants, on intervient dans des écoles. L’ouverture des écoles de Renens et la campagne qui y a été faite (semaine d’action contre l’homophobie) ont été magnifiques. Notre désir est de mener de telles actions dans d’autres écoles. Dans certains collèges, des enseignants homosexuels font leur coming out en classe, ce qui ouvre la discussion de manière bénéfique. Si plus de personnes LGBT de la vie publique faisaient leur coming out, ça permettrait-il à des jeunes de se sentir plus à l’aise? En tout cas cela ne fait pas de mal. Plus on en parle, plus on ose sortir du placard, plus on montre que ce n’est pas un sujet tabou et que c’est une minorité qui est quand même très importante, plus les choses passeront facilement sans être un problème.

Pensez-vous que l’homophobie revient en force?

Je ne sais pas si elle revient en force, elle a toujours existé. Par rapport à d’autres pays, on s’en sort plutôt bien, mais il y a encore pas mal de progrès à faire. Il est à noter qu’actuellement dans notre pays, les personnes LGBT n’ont pas les mêmes droits que les hétérosexuels, notamment pour ce qui est du mariage et de l’adoption, mais aussi dans d’autres domaines.

 

Mardi 11 octobre: Flash mob, à 19h place de l’Europe à Lausanne. Conférence «orientation sexuelle et identité du genre à l’adolescence quels enjeux?» avec Thierry Goguel d’Allondans, éducateur spécialisé, anthropologue, docteur et chercheur associé à l’Université de Lausanne 18h Geopolitis