Près de 600 participants au 4e congrès d’Unia

syndicats • La première partie du congrès du syndicat Unia s’est tenue du 27 au 29 octobre à Genève. Face à un patronat et une droite toujours plus hostile aux travailleurs et aux acquis, les délégués ont réaffirmé la nécessité de se battre pour leurs droits et la solidarité.

La question de la réintroduction de contingents pour les travailleurs immigrés ou d’une éventuelle «préférence nationale» était sur toutes les lèvres ©Carlos Serra

Douze ans après sa création, Unia a tenu son quatrième congrès sous le slogan «Solidaire dans la société, fort dans les entreprises». Du 27 au 29 octobre, plus de 350 délégués et 230 invités se sont réunis dans l’imposant bâtiment de Palexpo à Genève pour débattre pendant trois jours des orientations stratégiques que le syndicat devra suivre au cours des quatre ans à venir. Les instances centrales ont été réélues sans grande surprise. Le changement majeur concerne le comité directeur qui est réduit de 9 à 7 membres, Rita Schiavi et Pierluigi Fedele ne se représentant pas. Les délégués devront encore discuter des orientations politiques du syndicat lors d’une journée supplémentaire de congrès qui aura lieu le 3 décembre à Bienne.

Pas de contingents ni de préférence nationale

La question de la réintroduction de contingents pour les travailleurs immigrés ou d’une éventuelle «préférence nationale» était sur toutes les lèvres. Le Conseil national a en effet adopté lors de sa session d’automne un projet «light» de mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse, basé sur un consensus entre le PLR et la gauche. Il s’agirait de renoncer à l’introduction de contingents au profit d’une «préférence indigène», qui obligerait les patrons à annoncer aux Offices régionaux de placement (ORP) leurs éventuels postes vacants. Pour les délégués, qui ont approuvé une résolution intitulée «Protégeons les salaires et les droits des travailleurs plutôt que les patrons et les frontières!», les choses sont claires: «Toute discrimination fondée sur la nationalité diviserait les travailleurs et péjorerait la situation de tout le monde». Pour le syndicat, la seule solution pour répondre au mécontentement de ceux qui ont glissé un oui dans l’urne le 9 février 2014 est de renforcer la protection des salaires et des conditions de travail, de restreindre le travail temporaire et de renforcer les droits des travailleurs en général, pour combattre les abus patronaux. Un délégué genevois a précisé que la préférence nationale ou cantonale n’induirait pas forcément une baisse du chômage, tandis qu’un autre mettait en garde: «Accorder une priorité aux Suisses sur le marché du travail mènerait à une déstabilisation de la société et sûrement pas à une augmentation du nombre d’emplois».

Préserver les acquis sociaux

«Après trois décennies d’une politique toujours plus agressive de redistribution en faveur des riches et des super-riches, l’équilibre social est gravement menacé en Suisse». C’est sur cette phrase qu’a débuté le débat sur la résolution du congrès «pour une offensive sociale». Le thème qui a chauffé la salle, c’est le démantèlement futur des retraites. La hausse de l’âge de la retraite prévue dans le cadre de la réforme de la prévoyance vieillesse 2020, la réduction des rentes de veuve et d’enfant et la baisse du taux de conversion du deuxième pilier sont autant de mesures tout bonnement inacceptables pour les travailleurs. Bien décidés à se battre par tous les moyens contre ce fameux «paquet», les délégués ont décidé qu’Unia devait se positionner plus fermement en faveur du lancement d’un référendum.

Solidarité internationale

La force des travailleurs, c’est leur internationalisme. Au deuxième jour du congrès, à la demande d’un délégué, toute la salle a observé une minute de silence pour tous les travailleurs morts dans les guerres ou sur les routes de l’exil. La parole a ensuite été donnée à Marco Polo Ferrer, syndicaliste philippin venu témoigner de la situation des deux millions de travailleurs immigrés au Qatar, qui construisent les infrastructures pour la Coupe du Monde 2022. On aurait pu entendre les mouches voler dans la salle tant l’assistance était sans voix face aux conditions de travail décrite par ce camarade: syndicats interdits, taxes payées aux agences de recrutement pour avoir le droit de travailler, retard dans le versement des salaires voire non-paiement, confiscation des passeports. Mais l’espoir était aussi au rendez-vous, puisque malgré l’interdiction, les travailleurs immigrés au Qatar sont en train de riposter en s’organisant pour créer des syndicats. Et dans leurs luttes, ils pourront compter sur le soutien d’Unia, qui les aidera financièrement et lancera en Suisse une campagne pour montrer à la population que derrière les beaux costards des dirigeants de la FIFA se cache l’exploitation sans limite des travailleurs. Les applaudissements se sont prolongés longtemps après la fin du discours.