Feminista réagit à l’article «USA: le triomphe d’une certaine morale» de Julien Sansonnens

Courrier des lecteurs • Les propos de Julien Sansonnens en rubrique «il faut le dire», de Gauchebdo la semaine dernière nous ont paru imprégnés d’un sexisme dérangeant pour un journal de gauche. Tout d’abord, l’indignation aux États-Unis a explosé suite aux propos de Donald Trump lors d’une discussion en écoute cachée. Le candidat y affirmait ne pas pouvoir s’empêcher...

Les propos de Julien Sansonnens en rubrique «il faut le dire», de Gauchebdo la semaine dernière nous ont paru imprégnés d’un sexisme dérangeant pour un journal de gauche. Tout d’abord, l’indignation aux États-Unis a explosé suite aux propos de Donald Trump lors d’une discussion en écoute cachée. Le candidat y affirmait ne pas pouvoir s’empêcher d’embrasser les belles femmes et qu’étant riche, il pouvait tout se permettre, comme «les attraper par la chatte». Ces deux déclarations caractérisent une agression sexuelle et non une simple transgression des mœurs puritaines.

Deuxièmement, le point de vue de l’auteur est également réducteur envers les Étasunien.ne.s et leur compréhension de la politique. Un candidat à la présidence ouvertement méprisant à l’encontre de la moitié des électeurs et se vantant de les agresser sexuellement peut apparaître comme une réelle menace pour la sécurité d’une majorité de la population. En effet, si les femmes sont des citoyennes inférieures aux citoyens mâles (blancs) pour Donald Trump, les problèmes les concernant risquent d’être ignorés, voire de perdre des moyens alloués dans les 4 années à venir. La dénonciation du sexisme de Trump démontre justement le rejet d’un programme dans lequel la place des femmes et des minorités est sérieusement hypothéquée.

Enfin, ce coup de gueule éditorial comporte une certaine dose de mauvaise foi. Pour son auteur, les accusations visant Donald Trump et son sexisme patenté seraient utilisées dans l’unique but de détourner l’attention de son programme. Toutefois, il se garde bien d’appliquer la réciproque en omettant d’évoquer le sexisme qu’a subi Hillary Clinton durant l’intégralité de sa campagne. Ce sexisme a représenté une réelle entrave pour la candidate lorsqu’elle tentait de mettre ses compétences politiques et son programme en avant. Mais ce sexisme-là ne semble pas déranger Julien Sansonnens le moins du monde.

Cet article est la tribune d’un homme défendant un autre homme qui ne se préoccupe pas des problèmes de genre et des femmes. Car selon eux, il existe des questions plus importantes, notamment la politique internationale. Refuser d’être ignorées des politiques tant nationales qu’internationales, est-ce juste une question de moralité? Pour rappel, Monsieur Sansonnens, à la fin des années 1960, les féministes états-uniennes scandaient déjà «le privé est politique», peut-être devriez-vous vous en inspirer…

Pour Feminista, Melinda Tschanz