La gauche radicale dans les startings blocks

élections • Dans le canton de Vaud, Ensemble à Gauche présente trois candidats au Conseil d’Etat. A Neuchâtel, le POP lance Nago Humbert dans la course. Les deux cantons doivent élire leurs autorités en avril.

Hadrien Buclin, de solidaritéS, Yvan Luccarini, de Décroissance Alternatives, et Céline Misiego, du POP, sont les trois candidats d’Ensemble à gauche au Conseil d’Etat vaudois. (©François Graf/STRATES)

«L’escargot construit sa coquille en ajoutant l’une après l’autre des spires, toujours plus larges. Puis soudain, il s’arrête et commence des nouveaux enroulements, mais cette fois décroissants. En effet, une seule spire de plus donnerait à sa coquille une dimension seize fois plus grande, mais au lieu de contribuer à son bien-être, elle surchargerait l’escargot. Toute augmentation de sa productivité servirait alors seulement à pallier les difficultés créées par cet agrandissement de sa coquille».

Cette citation ne provient pas d’un cours de biologie ou d’une affichette du musée d’histoire naturelle, mais de la bouche d’Yvan Luccarini, militant d’une quarantaine d’années de la formation vaudoise Décroissance Alternatives, l’un des trois candidats au Conseil d’Etat sur la liste Ensemble à Gauche dans le canton de Vaud, aux côtés de Céline Misiego, du POP, et d’Hadrien Buclin, de solidaritéS. Mercredi, les trois candidats présentaient leur programme devant la presse.

«Nous tissons un parallèle entre la situation de l’escargot, menacé d’écrasement par le développement de sa coquille, et notre maison à nous, le monde, où la croissance économique engendre toute une série de crises qui vont s’aggravant toujours plus vite», a poursuivi le militant de la décroissance et cofondateur du journal «Moins!», qui, en 2015, avait manqué à 7 voix près l’exécutif de la ville de Vevey. Et d’ajouter que «s’il fallait choisir une première décroissance souhaitable, je choisirais celle des inégalités sociales».

Sus au «consensus mou»
Alors que les listes d’Ensemble à Gauche au Grand Conseil seront portées par des représentants de l’ancienne génération, comme Christiane Jaquet, du POP, ou Jean-Michel Dolivo, de solidaritéS, dans le but d’y maintenir les 5 sièges actuels de la formation, celle-ci a choisi, pour la course au Conseil d’Etat, de mettre en avant une nouvelle génération de militants, «notamment issus de la mouvance altermondialiste des années 2000», a précisé Hadrien Buclin. Lui-même et Céline Misiego sont tous les deux trentenaires et conseillers communaux à Lausanne.

A travers une candidature au Conseil d’Etat, il s’agira de pointer le «consensus mou entre les forces politiques dominantes du canton» et de mettre en avant les thématiques spécifiques à la gauche radicale. «Nous avons été la seule force politique à combattre l’anticipation de la RIE3 dans le canton de Vaud, une réforme qui va priver cruellement le canton des ressources nécessaires», a ainsi rappelé Hadrien Buclin, soulignant également que seul Ensemble a gauche s’était opposé à l’interdiction de la mendicité dans le canton. Il a rappelé encore qu’une motion de la formation en faveur d’une assurance pour le remboursement des soins dentaires avait été refusée par le parlement cantonal en 2009 et que l’initiative populaire lancée par la suite, qui a abouti, n’a toujours pas été soumise au vote, plus de deux ans et demi après son dépôt.

Enfin, le candidat a déploré la politique de laisser-faire en matière de logement, «qui a conduit ces dernières années à une pénurie aiguë, le marché libre était incapable de répondre aux besoins de la population», ainsi que l’insuffisance de places de crèches.

Céline Misiego a quant à elle insisté sur la nécessité de garantir l’égalité hommes femmes , notamment via une loi sur l’égalité salariale contraignante pour les entreprises. «7% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 13% menacent d’y tomber et le chômage de longue durée est une réalité pour une part grandissante de la population», a-t-elle encore déclaré, dénonçant une précarisation grandissante des salariés, renforcée par l’arrivée d’entreprises comme Uber, pratiquant «un dumping social féroce, insuffisamment combattu par les autorités». Pour y remédier, Ensemble à gauche défend un salaire minimum cantonal de 4000 francs net, une revalorisation des montants de l’aide sociale et des bourses et l’augmentation des moyens des inspecteurs chargés de vérifier le respect du code du travail.

A Neuchâtel, le POP a lui aussi annoncé cette semaine qu’il présenterait Nago Humbert, ancien président de médecins du Monde, à la course au Conseil d’Etat. «Un candidat capable de concevoir un changement significatif au sein du gouvernement cantonal», et qui «offrira à la population de notre canton une façon de gouverner plus à l’écoute, plus proche des gens, plus solidaire aussi, en faisant des citoyens des partenaires dans la résolution des problèmes qui se posent à notre canton», selon un communiqué diffusé par le POP.