RIE III: une belle victoire, et après?

Il faut le dire • Malgré son budget de campagne faramineux et son matraquage publicitaire, la droite n’a pas réussi à berner la majorité du peuple suisse....

Malgré son budget de campagne faramineux et son matraquage publicitaire, la droite n’a pas réussi à berner la majorité du peuple suisse. Les citoyens – et pour une fois on peut remercier les Suisses d’Outre-sarine- ont bien compris que la RIEIII favorisait trop les entreprises et amenait avec elle un risque de coupes dans les prestations publiques ou d’augmentation des impôts, en particulier de la classe moyenne. C’est bien un vote sanction et de crainte de perdre du revenu disponible.

Si l’abolition des forfaits fiscaux accordés aux grandes entreprises étrangères comme Vale ou Philip Morris est nécessaire, elle ne doit pas se faire sur le dos des citoyens.
A cet égard, le vote des Vaudois est intéressant: ils avaient plébiscité à 87% la RIEIII cantonale, mais n’ont accepté que du bout des lèvres la mouture fédérale. La différence entre les deux projets était, entre autres, les fameuses compensations sociales: si les autorités vaudoises ont admis une perte des revenus fiscaux, elles ont en effet promis, en échange, une amélioration des allocations familiales (déjà partiellement entrée en vigueur), une augmentation des subsides aux primes maladie de manière à ce qu’elles ne dépassent pas 10% du revenu, et un soutien à l’accueil de jour des enfants. La gauche de la gauche avait combattu ce paquet fiscal vaudois tout en insistant sur la nécessité de ces «compensations sociales» et sur le fait qu’elles seraient d’autant plus faciles à financer si l’on ne faisait pas de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises (et non pas aux PME comme il a été dit durant toute la campagne)!

Sentant poindre le risque d’échec, la droite arrogante du parlement vaudois a déposé, le 31 janvier déjà, une interpellation pour remettre en question ce volet social en cas de refus de la RIE III fédérale. C’est dire qu’elle n’entend pas le message de la population, qui en a marre de perdre du pouvoir d’achat. Il sera d’autant plus important que la gauche sorte renforcée au lendemain des élections cantonales de ce printemps.
Il s’agit aussi d’une indication sur la forme à donner à la nouvelle RIEIII: elle devra permettre une amélioration du revenu disponible des gens et ainsi favoriser l’économie et la circulation de l’argent, et non pas engraisser les actionnaires -souvent étrangers- des grandes entreprises étrangères.