Gouvernement sanctionné

Jura • En dépit de comptes rouge vif, le canton perd encore 10 millions de francs de recettes

En dépit de comptes rouge vif, le canton perd encore 10 millions de francs de recettes

Le refus de la loi « Jura pays ouvert » est une victoire pour la gauche, mais fortement nuancée par l’acceptation, prévisible, de la révision de la loi d’impôt.

Jura pays ouvert » avait pour but d’améliorer l’attrait du canton pour diminuer l’émigration des jeunes après leur formation et attirer des immigrants, et ainsi passer de 69 000 à 80 000 habitants en 15 ans. Les mesures proposées touchaient notamment la famille, la culture, la formation, la qualité de la vie, le développement économique et la fiscalité. Les domaines touchés sont donc ceux que toute politique cantonale doit aborder, mais c’est à une fondation qu’on aurait confié la direction du projet.

Les partis de gauche étaient les seules organisations à combattre la loi « Jura pays ouvert », notamment à cause de cette fondation, jugée peu démocratique. Mais la répartition géographique des résultats montre que l’influence des mots d’ordre est très relative. Delémont et les autres communes où la gauche est importante n’ont pas des majorités rejetantes nettement plus élevées qu’ailleurs. Le chef-lieu refuse à 56,5 %, le canton à 53,5%. Mais vraisemblablement, si le gouvernement et le parlement avaient tenu compte de l’avis de la gauche, le projet aurait passé la rampe.

Ce n’est donc pas les mesures sociales ou culturelles proposées qui ont été refusées par la majorité des Jurassiens. Rien n’empêche de réaliser ces mesures indépendamment de la loi qui a été refusée, si ce n’est les moyens financiers que le gouvernement a voulu lui-même réduire.

Gaffes à répétition

Les citoyens ont sanctionné un gouvernement qui a commis plusieurs gaffes dans ces derniers mois, par exemple l’annonce des mesures contre les enseignants qu’il a dû retirer pour des raisons juridiques, le message unilatéral avant la votation, ce qui a amené la justice à ordonner la publication d’un complément présentant les arguments des opposants.

Baisse de la fiscalité

C’était la première mesure – les mauvaises langues disaient la seule promise à la réalisation – de « Jura pays ouvert ». Un effort avait été fait pour que la baisse de l’impôt sur les revenus ne profite pas qu’aux privilégiés, mais on y a ajouté une baisse de l’impôt sur la fortune, qui elle ne profite qu’aux riches. Tout cela va coûter 10 millions au canton, dont les comptes sont déjà bien dans le rouge, et autant aux communes, dont beaucoup ont de sérieuses difficultés. Et on ne compte pas là-dedans les diminutions des subventions fédérales et de la part du canton aux bénéfices de la BNS, qui résulteront de la baisse de l’indice fiscal du canton. On peut tout de même saluer le fait que 44,5 % des Jurassiens ont refusé cette diminution d’impôts, que seul le groupe CS-POP avait combattue au parlement.

Le groupe PS s’était abstenu, son comité directeur avait proposé la liberté de vote, mais son Congrès a rejoint le camp du non.

Mais l’importance des recommandations des partis a ici aussi été relative. Plusieurs petites communes où la gauche est inexistante refusent, alors que Delémont accepte dans les mêmes proportions que le canton.