La démission de Frédéric Hainard ne résout rien

L'agitation autour de cette affaire empêche des débats politiques autrement plus importants.

L’agitation autour de cette affaire empêche des débats politiques autrement plus importants.

L’avis du Parti ouvrier et populaire neuchâtelois (POP) après la démission du Conseiller d’Etat Frédéric Hainard a retenu l’attention des médias. La radio romande a même invité Denis de la Reussille, maire du Locle, pour qu’il en précise les axes. Les journalistes de la radio ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, que la démocratie n’est pas à confondre avec l’individualisme.

Le communiqué du POP dénonce la frénésie de l’individualisme au détriment du débat d’idées. Il préconise de supprimer l’élection du Conseil d’Etat par le peuple pour en revenir à l’élection par le Grand conseil. Cette approche élargit le débat. Elle va plus loin que l’agitation faite autour de la démission d’une personnalité.

Suffit-il de mettre en évidence chaque individu en laissant le choix au peuple pour que la démocratie soit pratiquée ? Suffit-il d’axer la présentation des candidats au gouvernement par des qualifications touchant à leurs qualités et défauts personnels pour être démocrate ? Suffit-il de tout individualiser pour rendre heureux le bon peuple ?

Le POP est d’avis qu’une collectivité doit se gérer aussi horizontalement que possible et favoriser la plus grande participation de la population.
Les règles de base de la démocratie suisse sont simples. Le peuple élit les députés qui sont censés le représenter au sein du parlement. Celui-ci élabore les lois. Le gouvernement exécute les choix du parlement. La justice juge, de manière indépendante, celles et ceux qui enfreignent les lois.

La logique du processus est on ne peut plus claire. Bien entendu, la valeur des individus siégeant à l’exécutif est importante et joue un rôle de premier plan pour son efficacité. Mais il ne faut pas confondre les rôles. Il n’appartient pas aux ministres de faire des programmes, ils ne font que des propositions qu’ils soumettent aux députés. Leur sensibilité politique s’exprime par l’intermédiaire du parti auquel ils appartiennent. Un point c’est tout.

Prétendre élargir la démocratie en confiant au peuple le soin de désigner les membres du gouvernement trouble la logique précédemment rappelée et embrouille les cartes. Ce n’est pas un hasard.

Les journalistes qui interrogeaient le maire du Locle ont ironisé en ne trouvant pas « populaire » que le POP veuille enlever au peuple le choix d’élire le Conseil d’Etat.

C’est oublier que le débat politique sur les objectifs fondamentaux des partis oblige les citoyens à réfléchir et à prendre position sur la société qu’ils veulent construire. Elire des ministres sur quelques phrases savamment élaborées pour obtenir les voix nécessaires auprès des électeurs convoités est éloigné de la démocratie républicaine qui a pour but de servir le peuple conçu comme un tout.

Interrogé par L’Impartial pour savoir s’il se verrait conseiller d’Etat, l’UDC Yvan Perrin définit le sens de sa politique sans équivoque : « Tant qu’à nettoyer, il faut aller au fond des choses. » Des propos qui n’ont rien à voir avec la démocratie. L’histoire regorge de personnages qui ont voulu nettoyer leur pays. Frédéric Hainard à sa manière se comportait de la même manière.
Pour les militantes et militants du POP, la démocratie doit constamment permettre l’élargissement et l’approfondissement des manières de vivre ensemble.