Tel est pris qui croyait prendre

Péréquation financière • Les subsides de la Confédération au canton sont revus à la baisse, menaçant les prestations à la population.

Les subsides de la Confédération au canton sont revus à la baisse, menaçant les prestations à la population.

« Le Grand Conseil invite le Conseil d’Etat à œuvrer pour lutter contre la vision étriquée de la Confédération… » Quel est donc le gauchiste qui défendait la semaine dernière une telle résolution devant le Grand Conseil ? Un radical pur sucre, en fait. Et même le président du groupe, Frédéric Borloz, syndic d’Aigle. C’est la RPT qui le mettait en fureur. La « Réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons », œuvre de Hans Rudolf Merz, dont les principes furent, en 2004, acceptés en votation populaire et vivement soutenue, tant par les radicaux que par le Conseil d’Etat vaudois.

Aujourd’hui, c’est la soupe à la grimace. « Après le Haras fédéral, voici la forêt touchée de plein fouet avec la suppression des aides à la jeune forêt », s’indigne l’interpellateur. Contre des décisions prises pourtant par « le meilleurs ministre des finances d’Europe », le même HRM…

Le syndic d’Aigle a raison. La RPT est une catastrophe. Le PST/POP, bien seul, l’avait prédit. Pour la forêt, ce ne sont pas moins de 900’000 francs qui seront coupés pour la forêt vaudoise chaque année, soit la quasi-suppression des soins aux jeunes peuplements. Au moment où les prix du bois restent très bas et ne permettent qu’avec peine à financer la gestion des forêts. Il s’agit en effet « d’un transfert de charge de la Confédération vers les cantons et les communes, en particulier les communes forestières qui se situent dans la zone rurale de l’arrière-pays ». Tout cela est parfaitement exact et c’est malsain. Voilà pourquoi d’ailleurs le Grand Conseil a voté comme un seul homme la résolution, fruit du courroux radical. Mieux vaut tard que jamais.

Services publics sous la menace

Mais, comme l’a fait observer le popiste Bernard Borel, le groupe radical pourrait s’atteler maintenant à une kyrielle de nouvelles résolutions, toutes profondément indignées, toutes justifiées : les prochaines coupes décidées par le retraité HRM, juste avant son départ, vont toucher la prévention, l’accueil de jour des enfants, les crèches, les transports régionaux, etc. Les cantons, comme le parti radical, avaient cru faire une bonne affaire avec la RPT. Ils imaginaient même réaliser de jolis bénéfices Ils s’en étaient félicités et avaient encouragé la population, non seulement à accepter les principes mais aussi à ne pas lancer de referendum en 2006 au moment de la publication de la loi d’application. Maintenant, la RPT déploie ses effets et va continuer à le faire. Au grand dam des citoyens et des finances cantonales. Les cantons n’ont plus que les yeux pour pleurer, après s’être fait avoir par l’innovation du « fédéralisme coopératif », comme l’appelait Blocher. Le repentir radical vient trop tard.