Les raisons du demi-échec du candidat Erard

Du fait d'un fort abstentionnisme populaire, le candidat de la gauche n'a pas fait le plein de voix.

Du fait d’un fort abstentionnisme populaire, le candidat de la gauche n’a pas fait le plein de voix.

Le résultat du premier tour du remplaçant de Frédéric Hainard a apporté un éclairage plus précis sur la situation politique en pays de Neuchâtel.

En premier lieu, il faut souligner la très faible participation électorale. Manifestement, une part importante de l’électorat, notamment de gauche, ne s’est pas sentie concernée par ce scrutin. Il exprime l’espace qui s’élargit entre les habitants et le monde politique, ce que l’on peut parfaitement comprendre, même si on ne peut que le regretter. La population ne voit pas une différence appréciable entre un gouvernement ou un parlement situé plus à gauche ou plus à droite. La contre-offensive néolibérale lancée par les forces patronales et la bourgeoisie a signifié la mise à mort provisoire de toute velléité de changements sociaux, qui ne pourraient aboutir, d’après les idéologues néolibéraux, qu’au goulag !

Cette mise à mort de l’idéologie progressiste se poursuit jour après jour par les relais médiatiques du pouvoir. Lisez la presse, écoutez la radio et regardez la télévision : la question des retraites, de même que celle de toutes les assurances sociales, sont réduites à des aspects démographiques, techniques et financiers, alors qu’il s’agit de batailles politiques et sociales. Le droit de grève est assimilé à un archaïsme depuis 25 ans, les mobilisations populaires sont tournées en dérision et folklorisées, les baisses d’impôts pour les riches sont un leitmotiv ressassé autant par un secteur de la gauche que par la droite la plus dure.

Dans ces conditions, l’électorat populaire ne voit absolument pas la nécessité de voter : pour qui et dans quel but ? Qu’est-ce que ça change ? Il faut aussi soulever ce point capital : l’intérêt de la plupart de la jeunesse pour la chose publique est presque égal à zéro.

La presse distille le doute

Par ailleurs, le comportement des acteurs politiques, mis en lumière par une presse avide d’émotionnel plutôt que d’analyse, favorise le doute profond sur l’utilité de la politique représentative. Le score du libéral-radical Thierry Grosjean surprend, même s’il devance Patrick Erard de 208 voix seulement. La presse neuchâteloise avait présenté le candidat vert en écrivant qu’un boulevard s’ouvrait devant lui. C’était sans compter deux éléments perturbateurs. Le doute lancé par Frédéric Hainard lui-même en qualifiant la candidature de Patrick Erard comme l’aboutissement d’une machination fabriquée par l’ancien président de la commission d’enquête parlementaire. Cette observation a jeté le trouble dans la tête de plusieurs électrices et électeurs.

L’autre fait réside dans la campagne électorale des deux candidats basée sur le respect d’autrui et qui a complètement masqué les différences politiques.
Comme le POP l’a répété durant toute la campagne, l’arrivée au Conseil d’Etat d’un représentant du groupe PopVertsSol ne suffira pas pour appliquer miraculeusement des solutions sociales à l’actuelle politique cantonale. Mais elle permettra de faire un petit pas dans cette direction. Cette sagesse n’a pas été comprise par certains électeurs proches, voir membres du parti qui ont préféré choisir Martine Kurth qui avait un discours plus percutant, plus offensif et marquant une réelle différence de conception politique, du moins dans son discours et ses intentions. Selon les socialistes, la gauche n’aurait plus de réserve électorale. Ils oublient tout simplement le taux impressionnant des abstentionnistes. C’est chez eux que se trouve la clef du succès.

Maintenant que le second tour est lancé, le POP en appelle au sens civique de chacun de ses membres et sympathisants et de toutes les personnes disant avoir une sensibilité de gauche.

Car malgré les critiques émises, il faut convaincre les abstentionnistes de gauche à voter pour Erard. Parce que symboliquement, une double majorité de gauche au canton n’est pas totalement anodine. Parce que les Verts restent actuellement les meilleurs alliés des popistes dans les villes comme au Grand Conseil. Parce que la politique qu’il défendra dans le dicastère dont il héritera ne sera pas la même que celle que mènerait Thierry Grosjean.

Il reste quelques jours pour mobiliser l’électorat.