Le logement, monumentale priorité de la législature

Elections communales • La coalition La Gauche (POP & Gauche en mouvement et solidaritéS) présente 69 candidats au conseil communal de Lausanne lors des élections communales qui se dérouleront le 13 mars prochain. Conseiller communal sortant, le popiste David Payot est travailleur social à l'Avivo. Il revient sur la pénurie de logements en ville de Lausanne et propose ses pistes pour favoriser l'offre à loyer modéré. Interview.

La coalition La Gauche (POP & Gauche en mouvement et solidaritéS) présente 69 candidats au conseil communal de Lausanne lors des élections communales qui se dérouleront le 13 mars prochain. Conseiller communal sortant, le popiste David Payot est travailleur social à l’Avivo. Il revient sur la pénurie de logements en ville de Lausanne et propose ses pistes pour favoriser l’offre à loyer modéré. Interview.

Lausanne souffre de pénurie de logements. Quelles sont vos propositions en la matière ?
David Payot Il y a beaucoup de signes inquiétants en matière de logements : à Lausanne, il reste 0.1 à 0.2% de logements vacants, alors qu’il y a déjà pénurie en-dessous de 2%. La diminution des appartements disponibles touche surtout les classes moyennes et populaires : le seul domaine où les logements vacants sont plus nombreux qu’il y a dix ans, ce sont les 5 pièces et plus. Les loyers augmentent rapidement, alors que les revenus stagnent.
De plus, le marché privé spécule beaucoup sur le logement, ce qui fait augmenter globalement les prix. Par ailleurs, comme souvent, l’économie s’adresse aux plus fortunés en priorité, et délaisse les besoins des moins riches. En conséquence, il y a un manque de logements, mais aussi des prix de moins en moins en phase avec la situation économique de la population.
Pour finir, les autorités fédérales n’ont quasiment pas pris de mesures face à ces problèmes : le droit du bail reste privé d’une surveillance publique, les barèmes de loyer pour l’aide sociale ou les prestations complémentaires à l’AVS/AI n’ont pas été changés depuis des années.
L’un des moyens d’action de la Ville de Lausanne est son patrimoine immobilier. Elle possède un grand nombre d’immeubles, et en gère encore plus pour la caisse de pensions du personnel communal. Elle peut donc pratiquer une politique du logement orientée vers les locataires, à l’opposition des pratiques spéculatives des propriétaires privés.
Nous demandons donc que la Ville développe une offre en logements adaptée aux bas revenus, attribue en priorité ses logements aux personnes à faibles revenus, et ne cherche pas à ajuster les prix de ses appartements au marché privé.
Nous souhaitons aussi que la Ville revienne à son ancienne pratique, à savoir qu’elle utilise ses terrains pour construire des logements pour les personnes à bas revenus. Depuis le début de la législature, elle prévoit un tiers de logements subventionnés, un tiers avec des loyers prétendument accessibles, et un tiers destiné à des « contribuables intéressants », pour améliorer les finances communales. Mais pendant que la Ville défend la mixité, les privés construisent presque exclusivement pour ces moyens et hauts revenus. Cette pratique de la commune se fait donc aux dépens des plus pauvres.
En matière de constructions, lorsque Lausanne attribue des terrains à bâtir, nous voulons qu’elle privilégie les coopératives de logement, et qu’elle exige des prix réellement abordables. Il y a quelques années, la ville a permis la construction d’un immeuble avec des logements prétendument accessibles, mais dont les loyers dépassent les barèmes de l’aide sociale ou des prestations complémentaires AVS/AI ! D’un côté, la ville déclare ces loyers accessibles, et d’un autre côté, elle les juge trop chers pour des personnes à bas revenus.
Il reste aussi à adapter la politique de subventionnement, et à dépasser une échelle communale. Actuellement, pour avoir accès aux logements subventionnés, il faut habiter depuis deux ans dans la commune, si bien qu’il est impossible de déménager d’un subventionné à un autre entre Renens et Lausanne.

Qu’attendez-vous de l’éco-quartier de la Pontaise ? Est-ce un exemple à suivre ou un gadget ?
Comme dans beaucoup de créations de logements, la Ville veut mettre ensemble les intérêts des promoteurs immobiliers et le besoin en logement des locataires. Mais leurs intérêts divergent sur de nombreux points : la densité, les prix des loyers, les infrastructures à disposition des habitants. La Ville promet un équilibre entre projets subventionnés ou sans but lucratif et projets du privé. Nous trouvons que la ville devrait utiliser ses surfaces pour le logement social, et laisser le privé trouver d’autres terrains pour faire ses projets. De plus, la Ville veut utiliser les revenus des terrains de l’éco-quartier pour financer ses autres travaux (stade, terrains de sport, etc.) ; elle risque donc d’exiger des prix relativement élevés.
Mais il n’y a pas que la question des prix ; il y a aussi la qualité du projet. Nous ne voulons pas d’un quartier pour écologistes fortunés, coupé des quartiers avoisinants. Il faudra donc des infrastructures publiques utiles à tous, et une écologie orientée sur la meilleure manière de partager l’espace, plutôt que vers les seules performances énergétiques des bâtiments. De ce point de vue, le plan d’urbanisme choisi cette année est relativement intéressant ; mais il reste beaucoup de choses à préciser ces prochains temps.
Il faudra aussi améliorer la démarche participative : celle qui a eu lieu jusqu’à présent était limitée par des décisions que la Municipalité avait prises à l’avance. Elle a suscité peu d’intérêt du public, et elle a abouti à une collection de propositions sorties de leur contexte et mises côte-à-côte. A mon avis, ce résultat sera à peu près inutilisable pour la suite.

Comment revitaliser le centre, sans aller dans le sens de sa privatisation ?
Au Conseil communal, on parle rarement de « revitaliser le centre » ; le débat porte plutôt sur la vitalité des boîtes de nuit, à modérer un peu. Le risque me paraît surtout que la densification et les prix des loyers chassent les petits commerçants et les organisations à but non lucratif. Cela fait 10 ans que le POP & Gauche en mouvement réclame une Maison des Associations, sans réponse de la Commune !

Comment voyez les transformations qui se sont produites sur la plate-forme du Flon, cœur de Lausanne ?
Personnellement, je n’aime pas le Flon actuel, qui a perdu de son côté cosmopolite pour devenir une sorte de supermarché plus ou moins branché. Cela manifeste surtout les ravages d’un urbanisme dirigé par un seul propriétaire foncier. Selon moi, les meilleures adresses remontent à avant la rénovation du Flon. Il reste qu’il y a, du point de vue architectural, quelques espaces publics qui sont aménagés de manière assez ludique et conviviale.