Pour des réseaux de soins non soumis aux diktats des assurances

élections fédérales • Député au Grand Conseil et conseiller communal à Aigle, Bernard Borel est pédiatre. Il défend la caisse unique et une médecine de proximité, ainsi que la gratuité des transports publics.

Député au Grand Conseil et conseiller communal à Aigle, Bernard Borel est pédiatre. Il défend la caisse unique et une médecine de proximité, ainsi que la gratuité des transports publics.

Face à la hausse des coûts d’assurance-maladie, quelles sont vos propositions ?
Bernard Borel Il faut relever une fois de plus que ces hausses des primes ne tiennent pas compte de la réalité des augmentations des coûts réels et que les assurances se sont assurées de grosses réserves ces 8 dernières années sur le dos des Romands, des Vaudois et des Genevois en particulier, sans que le Conseil fédéral ne réagisse Il tolère ainsi des augmentations des primes, qui plus est, en dehors de tout contrôle démocratique. Cela montre la faillite de ce système, et la nécessité de relancer l’idée d’une caisse maladie unique, avec des primes en relation au revenu ce qui est le plus social

Plus globalement, quelles sont vos propositions en matière de santé ? Par exemple sur la réorganisation hospitalière ou la pénurie de médecin ? Comment éviter une médecine à deux vitesses ?
Il faut agir sur plusieurs fronts à la fois. D’une part, il faut permettre et encourager la formation de médecins, en particulier dits de premiers recours. En effet, le défi de ces prochaines années sera la prise en charge des maladies chroniques qui nécessite de bons généralistes, prêts à travailler en réseaux avec d’autres professionnels de la santé, en particuliers dans les soins à domicile. D’autre part, Il faut organiser des réseaux de santé centrés sur les patients où les soignants de proximités, qui connaissent les patients et qui ont leur confiance, puissent s’adresser à des spécialistes et des services hospitaliers en cas de besoins et pour des avis ponctuels et des séjours hospitaliers courts. Mais cela n’a rien à voir avec les réseaux de santé voulus par les chambres fédérales qui donnent le pouvoir aux assurances de choisir les soignants avec qui elles veulent travailler et cherchent à pénaliser les patients qui ne se soumettent pas à leur diktat. Par ailleurs, je crois qu’il est juste que les hôpitaux universitaires collaborent mieux pour des interventions médicales hautement techniques et que donc ils développent des pôles d’excellence complémentaires et non pas concurrents. Malheureusement, la mise en concurrence hospitalière, voulue par les chambres fédérales, et qui entrera en vigueur en 2012, est un vrai risque de médecine à 2 vitesses qui m’inquiète beaucoup.

Au Grand Conseil, vous aviez défendu la gratuité des transports publics. Quelles sont vos propositions par rapport à l’engorgement routier et le trafic pendulaire qui menace l’arc lémanique ?
Il faut rapidement faire une troisième ligne ferroviaire entre Lausanne et Genève et améliorer la ligne du Simplon. C’est un investissement qui est à la portée des pouvoirs publics qui ont les fonds nécessaires, pour autant que l’on ne fasse pas de cadeaux fiscaux qui bénéficient toujours d’avantage aux riches qu’aux pauvres ou même à la classe moyenne. Il faut parallèlement rendre les transports publics plus accessibles financièrement voire même gratuits (ils sont déjà financés aux 2/3 par l’impôt). Mais il faut aussi améliorer l’offre de logement à loyers modérés proches des lieux de travail de manière à diminuer le nombre de pendulaires. C’est un réel défi que l’Etat doit réguler.

Vous avez participé à plusieurs Forums sociaux. Quelles sont les idées que vous en avez retirées et que vous voudriez appliquer en Suisse ?
D’abord il faut dire que les forums sociaux sont l’occasion de rencontrer des gens d’horizons différents qui partagent la même espérance qu’un autre monde est possible : un monde plus solidaire, centré sur les besoins humains, respectueux de la nature et basé sur la justice sociale. C’est donc un vrai ballon d’oxygène pour continuer nos luttes quotidiennes. On perçoit bien que les luttes d’ici et d’ailleurs sont interdépendantes et que la croissance actuelle et voulue par l’idéologie dominante, ne fait qu’augmenter le fossé entre les riches et les pauvres. Cela nous confirme dans l’idée qu’il faut redonner du pouvoir aux politiques et dénoncer la dictature de l’économie, en se rappelant que le « marché » n’est qu’une construction de l’homme pour exploiter l’homme et pas une fatalité !