Deux jours pour connaître les droits fondamentaux de chacun

genève • Invité la semaine dernière dans nos colonnes pour un numéro spécial aux couleurs de la Journée mondiale du Refus de la misère, le Collectif du 17 Octobre a fait entendre la voix des plus démunis durant un week-end.

Invité la semaine dernière dans nos colonnes pour un numéro spécial aux couleurs de la Journée mondiale du Refus de la misère, le Collectif du 17 Octobre a fait entendre la voix des plus démunis durant un week-end.

« L’éradication de la pauvreté est le plus grand défi auquel est confronté le monde aujourd’hui et une condition indispensable pour parvenir à un développement durable », expliquaient les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies lors de leur 64ème session en mars 2010. A l’occasion de la Journée mondiale du Refus de la misère, le Collectif 17 Octobre, qui regroupe douze associations, a réuni le samedi 17 octobre à une même table des personnes, des membres associatifs et des responsables politiques pour travailler ensemble sur la thématique : « Nous avons un rêve pour un monde meilleur où chacun aurait sa place ». Le but de cette journée était de donner la parole aux personnes en situations de grande pauvreté afin qu’elles puissent témoigner de leur quotidien à Genève, et qu’elles soient entendues directement par les décideurs et leurs conseillers présents. Le débat s’est appuyé sur un outil participatif : le World Café. Soit un espace accueillant et convivial où l’humain prime sur l’étiquette. « Nous partons du postulat que les personnes possèdent, individuellement et surtout collectivement, la sagesse et la créativité nécessaires pour faire face à des situations complexes », souligne le Collectif. Il est ressorti de la discussion qu’il est important de s’unir et partager les connaissances, les informations et les expériences. Afin de mieux connaître les droits fondamentaux de chacun tels que l’accès à la santé, à un logement décent, à l’emploi, à l’éducation. Il importe aussi de créer des espaces de rencontres. Samedi soir, dans le but de réunir un public large dans une dynamique plus festive de lien social, le Collectif a mis sur pied une soirée de concerts Rock pour valoriser des groupes locaux.

Dimanche, c’est autour d’une table champêtre et dans une ambiance chaleureuse que les participants ont pu déguster et partager des spécialités kurdes et éthiopiennes préparées par l’association genevoise AGORA.

Spéculation sur les produits agricoles

Ce temps convivial fut suivi de la projection du documentaire Main basse sur le riz où Jean Crépu révèle de manière simple, même pour les non-initiés, les facteurs qui ont conduit à l’explosion du prix du riz en 2008, alors que cette céréale est l’aliment de base pour la moitié de l’humanité. Les manipulations des cours du riz, motivées par des bénéfices colossaux, ont entraîné la mort de plusieurs millions de personnes. « Je suis sorti du film sans espoir. Je me suis senti impuissante face à cette manipulation meurtrière », témoignait une participante en sortant de la salle.

Ce film a permis de poser les bases afin de nous expliquer le paradoxe de la persistance de la faim. Jean Ziegler a présenté son dernier livre Destruction massive. Géopolitique de la faim. Comment imaginer en effet que plus de 30 millions d’individus meurent de la faim chaque année dans le monde alors qu’avec toutes nos productions, nous pourrions nourrir plus de 12 milliards de personnes ? Il a mis en lumière les dangers que représentent la spéculation sur les terres et les produits agricoles ou encore l’accaparement des terres ou la mainmise des multinationales sur toute la chaîne alimentaire. Le sociologue a aussi expliqué aussi que la spéculation sur les aliments avait renchéri leur prix, rappelant aussi que Genève était devenu la capitale mondiale du trading sur les aliments de base. Le film et la présentation de ce livre auront permis de poser les bases pour une discussion ouverte entre le public et des spécialistes de la question. Un stand de produits agricoles locaux a permis de faire le lien entre développement durable, agriculture de proximité, santé, et éco-responsabilité.

Le collectif appelle « tous les responsables politiques, associatifs, tous les militants et toutes les personnes qui se sentent concernées à s’unir afin de refuser la misère, et d’éradiquer la pauvreté ».


(Avec le Collectif 17 Octobre)