La colère gronde contre Novartis

La riposte se prépare contre la fermeture du site de Prangins.

La riposte se prépare contre la fermeture du site de Prangins.

C’est le choc à Nyon et à Bâle. Malgré des bénéfices en hausse, l’entreprise pharmaceutique Novartis prévoit de supprimer 1’100 emplois en Suisse sur les deux sites, dans le but d’économiser 200 millions de dollars. Dans la cité rhénane, Novartis veut fermer son campus de Recherche et Développement et le transférer vers d’autres sites. 760 emplois seront supprimés. A Prangins, près de Nyon, le site qui fabrique des produits de santé sans ordonnance va aussi être fermé et le transfert de la production se fera vers d’autres sites. Cela entraînera la suppression dans un premier temps d’environ 320 emplois à plein-temps sur les 630 du site. Seul le personnel de bureau sera maintenu dans la région de Genève et Lausanne.

Face à cette décision du géant pharmaceutique, c’est la colère qui domine. « Je trouve scandaleux et inadmissible qu’une entreprise qui fait des bénéfices comme Novartis ferme un site et procède à des licenciements », explique Paul Loup, un ancien membre de la Commission des ouvriers, qui a travaillé pendant des décennies chez l’ancienne Zyma, rachetée par Novartis en 1996. La colère est aussi présente chez les syndicats. Unia dénonce ces suppressions d’emplois, rappelant que le chiffre d’affaires de Novartis est en hausse de 20% sur les neuf premiers mois de l’exercice 2011 et que le bénéfice net, sur la même période, est supérieur à dix milliards de dollars. Il exige l’absence de tout licenciement, de même qu’une véritable procédure de consultation sur les deux sites, pour permettre au personnel de présenter, avec les syndicats, des alternatives au programme de démantèlement annoncé. Pour l’heure, la direction a empêché qu’Yves Defferard, secrétaire syndical d’Unia Vaud puisse voir le personnel sur le site, qui n’a pu être rencontré que dans une salle prêtée par la commune de Nyon. « Une centaine de personnes a finalement pu se réunir », explique le syndicaliste. Prochaine étape : une réunion avec l’ensemble du personnel dans le cadre d’une assemblée générale pour consulter les salariés. Le syndicat maintient sa ligne d’opposition aux licenciements et veut que la direction sorte des chiffres. « Une manifestation est organisée ce samedi à Bâle devant le siège de Novartis. Nous avons lancé une pétition en ligne et nous prévoyons d’organiser une mobilisation devant le Grand Conseil », explique Yves Defferard.

La Municipalité de Nyon s’est elle aussi avouée « consternée » par cette fermeture. « Le site de Nyon dépasse les objectifs fixés, c’est scandaleux de mettre les gens à la rue », explique Claude Dupertuis, Municipal popiste, qui a aussi été président de la commission d’entreprise de Novartis pendant 27 ans. « Il faut enclencher une solidarité politique entre les communes de Nyon et de Prangins, à travers le Conseil régional du district et pousser aussi le canton de Vaud », explique-t-il. Le Conseil régional a indiqué vouloir instaurer rapidement une cellule de dialogue en collaboration avec la direction de Novartis, les représentants du Canton de Vaud et les acteurs concernés. Le Conseil souligne aussi que les emplois supprimés appartiennent au secteur secondaire. « Ces emplois sont rares dans la région, les personnes licenciées retrouveront plus difficilement du travail », note-il. Le canton de Vaud a quant à lui écrit à la direction de Novartis pour la rencontrer rapidement. L’objectif est de limiter la casse sociale, d’atténuer les effets de cette restructuration et de soumettre des contre-propositions. Le Conseiller d’Etat Philippe Leuba n’a pourtant pas encore pris la peine de contacter les syndicats. « Ce que faisait Jean-Claude Mermoud », soulignent les observateurs. Quant au Service de l’emploi, il a annoncé qu’il veillerait au respect des dispositions légales prévues dans un licenciement collectif. Certains veulent aller plus loin. « Il faudrait aussi que la Confédération intervienne, du fait que deux sites sont touchés en Suisse », explique Paul Loup. « Il faut qu’on trouve des solutions au niveau national pour éviter de tels licenciements », renchérit Claude Dupertuis.