Les salariés de Novartis veulent faire plier Bâle

Les travailleurs planchent sur des alternatives à la fermeture du site avec l’appui des autorités cantonales.

Les travailleurs planchent sur des alternatives à la fermeture du site avec l’appui des autorités cantonales.

C’est avec enthousiasme et convivialité que 2’500 manifestants ont défilé le 12 novembre dans les rues de Nyon pour dénoncer la fermeture du site de Novartis de Nyon-Prangins. Motivés, fermes et revendicateurs, les employés du géant pharmaceutique bâlois, soutenus par le syndicat Unia et les forces progressistes telles que le POP, solidaritéS ou le PS, ont fait entendre leur voix afin de faire pression sur Novartis et demander la sauvegarde des 320 emplois du site de La Côte. Accompagnés par des collègues bâlois, les employés nyonnais et les manifestants ont arpenté les rues de Nyon en scandant de nombreux slogans comme « Non à la fermeture de Novartis Nyon-Prangins ! » En outre, des drapeaux ont été distribués et des autocollants ont été offerts aux participants pour dénoncer l’hypocrisie et l’égoïsme de ce géant mondial qui, pour des intérêts purement spéculatifs, arrive à licencier et fermer une usine entière.

Pourtant, Novartis se porte bien. Son bénéfice se monte à plus de 2 milliards de francs, mais les têtes pensantes du conseil d’administration de la société ont jugé bon de « faire les fonds de tiroir » en projetant d’arrêter une production qui n’est pas déficitaire. Bien que Novartis soit incapable de fournir un chiffre précis, la fermeture du site de Nyon-Prangins devrait rapporter environ 20 millions de francs d’ici à 2020… Autant dire que le chiffre est ridicule au vu du bénéfice net engrangé par Novartis. La fermeture est donc ressentie comme une énorme mauvaise blague par les employés. Ce qui les a conduits à organiser la riposte. Des permanences sont ouvertes et une pétition, lancée par Unia, circule actuellement sur son site Internet.

La manifestation, qui s’est terminée de manière festive sur la place du Château, a été ponctuée d’un concert et de divers discours. Claude Dupertuis, municipal popiste nyonnais ou Yves Defferrard, syndicaliste à Unia, ont pris la parole pour dénoncer la fermeture et enjoindre Novartis à revoir sa position pour étudier sérieusement des alternatives à la fermeture du site.

Grève éclair d’avertissement

Pour mettre la pression sur la direction, les salariés ont aussi organisé une grève éclair d’avertissement le 16 novembre. Celle-ci a été suspendue en fin de matinée du fait du geste d’ouverture de Bâle. « Armin Zust, le directeur pour la Suisse a exprimé dans un courrier au Conseil d’Etat vaudois la volonté de la direction d’étudier de manière constructive et ouverte les différentes pistes et alternatives », explique Unia dans un communiqué. Le syndicat déplore pourtant que Joseph Jimenez, le CEO de Novartis, n’ait pas répondu directement aux salariés, « s’éloignant ainsi de ses propres préceptes et de sa charte garantissant le respect de son personnel et du partenariat social ». Un tacle qui a fait bouger Bâle. Le même jour, le grand patron a finalement fait savoir qu’il prendrait « personnellement » part au processus de discussion avec les autorités et s’engagerait à écouter toutes les propositions. Il a aussi promis de rencontrer le personnel à Prangins.

Dans les jours qui viennent, le personnel mettra en route les groupes de travail constitués d’une trentaine d’experts pour faire avec Unia des propositions alternatives pour sauvegarder les emplois. Les salariés assurent cependant qu’ils reconduiront la grève « si Novartis empêchait que le travail des groupes ne se passe de manière transparente et constructive ».

Dans le même temps, les autorités vaudoises bougent. Le 10 novembre, les conseillers d’Etat vaudois Pascal Broulis, Philippe Leuba et Pierre-Yves Maillard ont rencontré à Lausanne Joseph Jimenez. Cette rencontre a été prolongée le 11 novembre par des discussions avec le président du groupe, Daniel Vasella, en présence du conseiller fédéral Johann Schneider-Amman, de représentant du SECO et du gouvernement bâlois. Cette double entrevue devait permettre la création d’un groupe de travail entre toutes les parties dès le 21 novembre.