Quand le PDC braconne sur les terres du MCG

A la tête des Hôpitaux, Bernard Gruson et Pierre-François Unger agitent la préférence cantonale à l'emploi.

A la tête des Hôpitaux, Bernard Gruson et Pierre-François Unger agitent la préférence cantonale à l’emploi.

Coup sur coup, Bernard Gruson, directeur des hôpitaux universitaires et son ministre de tutelle, Pierre-François Unger ont annoncé « qu’à compétences égales », ils allaient engager dorénavant des résidents genevois plutôt que des frontaliers aux postes de chefs d’unité aux HUG, plus gros employeurs du Canton. N’aurait-il finalement pas été préférable de dire que l’on entendait engager les personnes qui correspondaient le mieux au poste, ou même, plus généreusement, qu’on allait faciliter l’accès à des postes à responsabilité à des personnes handicapées ? Ce que pourrait faire Bernard Gruson en tant qu’employeur. Pourquoi alors une telle annonce tonitruante aujourd’hui de la part de deux membres du PDC ? Pour le syndicat SSP, la réponse est évidente, il s’agit d’un coup politique orchestré. « Ce parti se profile pour les élections 2013, en broutant à la fois les terres du MCG, mais aussi celles du PLR et de François Longchamp », estime le syndicat.

La double annonce des pontes des HUG a aussitôt provoqué des réactions auprès du Groupement transfrontalier européen (GTE) qui dénonce ces attaques en règle, rappelant, au passage, que le directeur des HUG a lui-même été longtemps un frontalier. Face à cette mise en accusation, Michel Charrat, président du GTE, renvoie la responsabilité à l’Etat. « Si le canton veut favoriser l’embauche des chômeurs locaux, ce qui est légitime, il doit d’une part les former pour que leurs profils correspondent aux demandes des entreprises et ensuite contrôler le marché du travail pour éviter le dumping salarial », écrit-il aux autorités. Il dénonce aussi la chasse au bouc émissaire. « Celle-ci n’a jamais été un signe d’évolution positive. Il y a trop d’exemple dans l’histoire pour montrer combien ce chemin peut être dangereux. En voulant suivre les thèses les plus extrêmes, le canton de Genève est en train de perdre son âme ! », écrit Michel Charrat.

Dans une prise de position, le syndicat SSP estime aussi que finalement ces annonces patronales sont aussi là pour diviser le personnel. « Après quatre grèves consécutives aux HUG, il était temps pour M. Gruson de monter un personnel contre l’autre », écrit le syndicat. Reconnaissant cependant certains problèmes, il s’en prend aux relations de copinage à l’embauche tant des responsables d’engagement que des hauts cadres des hôpitaux, qui ne sont de loin pas tous des frontaliers. Il exige aussi que la direction fasse un effort pour les infirmières d’un certain âge « qui peinent à se faire engager et qui doivent multiplier les contrats précaires ». Le syndicat sera-t-il entendu ?

Plus généralement, il demande un renforcement des gardes fous et plus de contrôle contre le dumping salarial. Il en appelle donc, comme le réclame l’initiative déposée par la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), à plus de contrôles sur le marché du travail pour se prémunir contre les excès de l’ouverture des frontières sans contrôle, voulue par la droite.