Des salaires de moins de 10 francs de l’heure à l’aéroport de Cointrin

6,60 francs de l’heure pour l’un ou 1’500 francs à la fin du mois pour 45 heures de travail hebdomadaire pour l’autre : tels sont les salaires de misère versés à des chauffeurs par Shuttle Service Sarl et AKS Autokurier-Service GmbH. Ces deux sociétés, qui se livrent concurrence avec d’autres pour la livraison des bagages...

6,60 francs de l’heure pour l’un ou 1’500 francs à la fin du mois pour 45 heures de travail hebdomadaire pour l’autre : tels sont les salaires de misère versés à des chauffeurs par Shuttle Service Sarl et AKS Autokurier-Service GmbH. Ces deux sociétés, qui se livrent concurrence avec d’autres pour la livraison des bagages perdus à l’aéroport, rémunèrent leurs salariés au pourcentage du chiffre d’affaires et en fonction de la destination du bagage à livrer. Par exemple, si un chauffeur est payé 19 francs brut de l’heure pour transporter une valise à Zermatt, il ne touchera que 9,40 francs pour se rendre à Lausanne. Et même moins dans un cas que le SIT, qui organise le personnel, a porté devant le Tribunal des prud’hommes. Le syndicat souligne par ailleurs que Shuttle Service et AKS imposent des horaires flexibles sans fournir de décomptes des heures travaillées. Celles-ci se sont montées parfois à 60 heures hebdomadaire, selon les témoignages de travailleurs.

En décembre 2010, le SIT avait saisi l’Office cantonal de l’inspection des relations de travail (Ocirt) qui, pour l’heure, n’est pas intervenu. De son côté, la direction de l’aéroport botte en touche : « Il s’agit d’un service de livraison de bagages hors du périmètre de l’aéroport, qui échappe au contrôle de l’AIG, lequel n’est dès lors pas légitimité à intervenir », avait répondu à la même époque Robert Deillon, directeur de l’Aéroport international de Genève (AIG), dans un courrier au syndicat.
Le SIT, qui ne désespère pas de parvenir à imposer une convention collective de travail (CCT) aux entreprises de livraisons de bagages perdus travaillant à Cointrin, a relancé l’Ocirt ainsi que la direction de l’AIG et envisage de porter plainte devant le Conseil de surveillance du marché de l’emploi.

François Longchamp, lui, s’est toujours gardé d’intervenir en faveur du partenariat social sur le site de l’AIG dont il est le conseiller d’Etat de tutelle. L’élection d’Anne Emery-Torracinta pourrait faire bouger les choses.