O Peuple genevois, à l’heure de voter sur la constitution, souviens-toi de la leçon révolutionnaire de Rousseau

O supposé Souverain de Genève, O toi, Peuple genevois, déclaré seul maître de ta destinée, Notre oligarchie financière a jugé l’actuelle constitution mal adaptée à la prochaine et nécessaire répression qu’elle devra opposer aux inévitables résistances populaires (cf Merck Serono) que nous réserve la crise mondiale, s’aggravant à proportion de la dictature triomphante des marchés...

O supposé Souverain de Genève,

O toi, Peuple genevois, déclaré seul
maître de ta destinée,

Notre oligarchie financière a jugé l’actuelle
constitution mal adaptée à la prochaine
et nécessaire répression qu’elle
devra opposer aux inévitables résistances
populaires (cf Merck Serono) que nous
réserve la crise mondiale, s’aggravant à
proportion de la dictature triomphante
des marchés ultra-libéraux. Voici les trois
points les plus révélateurs de cette trompeuse
proposition de « constitution ».

Article 9 : « L’Etat agit… en complément
de l’initiative privée et de la responsabilité
individuelle ». Lâchons donc les
renards dans le poulailler ! la boîte de
Pandore est ouverte : les privatisations
sauvages mangeront tout ce qu’il reste
encore du rôle régulateur et social de
l’Etat ! Cet article recouvre le point essentiel
poursuivi par cette oligarchie financière,
qui nous régente à tous les niveaux
les plus déterminants. Les deux autres
points soulevés ici n’en sont « que » des
conséquences !

Dans l’article 90 a été introduite la possibilité
pour le Grand Conseil de « déléguer
» certaines décisions aux commissions
parlementaires. Ce qui est proprement
scandaleux et contraire au principe
même des délibérations publiques ! Eteignez
les lumières et coupez les micros :
« ils » ont à parler « entre eux » ! « Post
lux… tenebras » pour nouvelle devise !?
Le secret s’abattrait donc sur l’obligatoire
publicité des débats démocratiques ?
(…)

L’article 112 permet un recours facilité à
l’armée pour le maintien de l’ordre…
civil… La tuerie de 1932, avec les
dizaines de victimes à Plainpalais, seraitelle
désuète désormais ?

Il s’agit de te dépouiller (une nouvelle
fois depuis l’écrasement de 1794) de ce
qui te reste encore de souveraineté au
travers de l’actuelle constitution, issue
(faut-il le rappeler ?) de la révolution radicale
genevoise de 1846, dite de James
Fazy. Ceux qui veulent ainsi enterrer
cette constitution radicale de 1847 sont,
paradoxalement, les « héritiers » putatifs
de ces radicaux… tout comme de leurs
adversaires conservateurs de l’époque.
Tous deux ne faisant aujourd’hui plus
qu’un : le radicalisme ayant, depuis, sacrifié
au culte de l’ultra libéralisme, pour
finalement se dissoudre dans l’actuel
parti libéral radical. Leur but : balayer
tous les acquis sociaux, en s’attaquant au
cadre démocratique lui-même ! Contrant
ainsi les quelques acquis démocratiques
et sociaux que nous sûmes sauvegarder
(ou conquérir) après la perte de notre
toute-puissance populaire passée (expérimentée
brillamment de 1792 à 1794
par le Conseil général des citoyens et
natifs). Arguant, pour mieux nous tromper,
de quelques prétendues avancées
sociétales (…)

Dramatiquement, les « sirènes de la
bureaucratie » ont égaré au passage les appareils politiques des partis supposément
« socialiste » ainsi que supposément
« Verts » genevois. (A raison de
deux tiers des membres du PS et de
trois cinquièmes des « Verts »). (…)

Toi, peuple de Genève, à la souveraineté
déjà si diminuée depuis l’écrasement
de ton universelle expérience
révolutionnaire de 1792-1794 (par une
invasion militaire de pseudo révolutionnaires
jacobins, envoyés de Paris,
avec le concours de… Berne et du
Royaume de Sardaigne – Invasion qui
mena plus tard à notre annexion dans
le Département français du Léman),
toi endeuillé, depuis lors, de si historiques
libertés, refuse de donner plus
encore de pouvoirs qu’ils n’en ont
déjà aux maîtres d’une toute-puissance
économique devenue mortifère !
En cette année du tricentenaire de la
naissance de Rousseau, où l’essentiel
de son message civique révolutionnaire
intemporel s’est vu étouffer par
une commémoration amnésique à
souhait (à coups de millions affectés à
de creuses célébrations de ses actes et
écrits les moins politiques), nous escamotant,
donc, sa portée actuelle. Cette
admirable définition, annonciatrice de
la démocratie impérative de notre
révolution de 1792-1794, si pragmatique
et intemporelle. Cette démocratie
participative et permanente, garantie
par l’irremplaçable droit populaire
de révocabilité référendaire des élus.
Ce mandat impératif fit de notre culture
politique locale l’un des plus
grands laboratoires démocratiques de
l’histoire humaine. La perle de notre
héritage démocratique est dans cet
aboutissement révolutionnaire de
l’universel Du Contrat social ou Principe
du droit politique de Rousseau
. La
grandiose expérience de libération
civique révolutionnaire que vit l’Islande
aujourd’hui, tu l’as déjà vécue,
« Souverain » de Genève ! L’heure est
venue de t’en souvenir !

Peuple de Genève, retrouve la
mémoire, première condition de ta
dignité : refuse cette constitution qui,
sous sa soporifique épaisseur, te dissimule
de nouvelles et gravissimes
dépossessions !

Nous t’en conjurons pendant qu’il en
est temps : parle-en autour de toi, avertis
tes proches ! Mobilisons-nous tous
et toutes pour nos droits fondamentaux !

Thierry Pellat