Qui paiera ce cadeau fiscal ?

BAISSE DE L’IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS • Sera-t-il désormais à la charge des citoyens contribuables de financer une économie qui ne produit plus les rendements voulus par les marchés ? Telle est la question que pose la volonté du Conseil d’Etat genevois de réduire l’impôt sur les sociétés de 22% à 13%. Cette déclaration est particulièrement ridicule lorsque l’on sait que nos...

Sera-t-il désormais à la charge des citoyens contribuables de financer une économie
qui ne produit plus les rendements voulus par les marchés ?

Telle est la question que pose la volonté du Conseil d’Etat genevois de réduire l’impôt
sur les sociétés de 22% à 13%. Cette déclaration est particulièrement ridicule
lorsque l’on sait que nos élus n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord pour
quelques dizaines de millions sur le budget de l’année alors que ce cadeau de 9%
aurait un impact infiniment supérieur, en centaines de millions cette fois. Cette
volonté est d’autant plus grotesque qu’elle n’est pas accompagnée de propositions
de compensations car il est évident qu’il faudra bien compenser ce cadeau
par d’autres recettes fiscales notamment et par des diminutions de dépenses. Qui
paiera la facture après celle de la fusion des caisses de pension de l’Etat ? Faute de
courage et d’honnêteté nos gouvernants n’en diront pas plus. Pourtant, à suivre
l’évolution financière dans son idéalisation mondialiste, il est certain que les marchés
imposeront de faire payer les pots cassés au plus petit dénominateur commun
qui ne pourra être que le contribuable lambda. Il est certain que l’idée
inavouée de nos dirigeants est déjà conçue dans ce sens. Leur précipitation unanime
de faire un cadeau de 9% sans compensation d’autres recettes, soit-disant
sous la pression de l’Union Européenne, nous le démontre. Il s’agit ni plus ni
moins de manoeuvrer l’opinion publique dans un sentiment de précipitation et
de peur, notamment en semant des craintes pour l’emploi. Cette rhétorique
manipulatrice laisse également apparaître une désagréable tactique de fait
accompli. Une thérapie de choc en quelque sorte qui seule permet d’imposer des
mesures autoritaires.

Nos édiles n’auraient-elles pas d’ores et déjà adhéré aux valeurs économiques
amorales d’un capitalisme globalisé et sa cupidité sans limites au seul détriment
du citoyen ? Espérons en tout cas que celui-ci comprendra qu’il n’est plus intégré
aux projets économique et social voulus par les classes dirigeantes. Nous devons
le replacer au centre de notre réflexion et de notre combat pour plus d’égalité et
d’humanité.

Xavier Lany