Le service public sous le feu du privé

Médias • C’est une nouvelle attaque contre les médias de service public : ce 1er mai, le Conseil fédéral a supprimé l’obligation pour la SSR d’émettre un programme anglophone. Cette décision ouvre la voie à la privatisation de la seule radio en langue anglaise diffusée dans le pays : World Radio Switzerland. Dès le mois de septembre,...

C’est une nouvelle attaque contre les
médias de service public : ce 1er mai, le
Conseil fédéral a supprimé l’obligation
pour la SSR d’émettre un programme
anglophone. Cette décision ouvre la voie
à la privatisation de la seule radio en
langue anglaise diffusée dans le pays :
World Radio Switzerland. Dès le mois de
septembre, WRS sera reprise par l’entreprise
nyonnaise Anglo Media ; elle perdra
par ailleurs l’autorisation d’émettre en
FM.

L’UDC, qui exige désormais de « discuter à
fond du service public et de son étendue
dans le secteur médiatique », a salué
cette nouvelle. Il n’y a rien d’étonnant à
cela, la droite dure ne manquant jamais
une occasion d’attaquer le « mammouth »
que serait la SSR, allant jusqu’à affirmer,
avec la finesse d’un Panzerkampfwagen,
que son financement par la redevance
relèverait du « terrorisme d’Etat ». Quant
aux journalistes, eux qui « encensent
l’Etat et diabolisent l’économie privée »
(programme de l’UDC 2011-2015), ils ne
seraient bons qu’à diffuser une « pensée
unique de gauche » ; voilà qui ne manque
pas de piquant lorsqu’on sait combien il
est difficile pour la gauche de défendre
ses idées, notamment sur le service
public.

Il y a, dans la notion de service public,
une certaine idée de la qualité des programmes.
D’une manière générale, et
malgré un positionnement idéologique
assez clairement marqué à droite, la
radio et la télévision publiques suisses
sont de bon niveau : émissions intéressantes,
reportages qui n’hésitent pas à
adopter un regard critique sur les pouvoirs,
souci d’une certaine diversité géographique
des sujets et des intervenants,
limitation de la publicité.

Il ne s’agit pas de soustraire la SSR à la
critique, elle qui tend parfois à vouloir
imiter le privé, dans le style de ses émissions
comme dans son management.
Mais il faut être clair : une privatisation de
la SSR aboutirait à vouloir rechercher
l’audience pour l’audience, c’est-à-dire
pour la publicité, avec ce que cela
implique sur le contenu des programmes.
Il faut, bien au contraire, renforcer
un pôle médiatique qui ne soit pas
soumis à la loi du profit mais au contrôle
de parlementaires élus démocratiquement.