Une vente sacrilège

Masques des Hopis • C’est une vente aux enchères particulièrement écoeurante qui a eu lieu récemment à Paris : 70 masques de la tribu amérindienne Hopi ont été dispersés, pour un montant total de près d’un million d’euros. Pour ce peuple de l’Arizona, les masques sacrés, portés par des danseurs lors de cérémonies religieuses, incarnent l’esprit des ancêtres ;...

C’est une vente aux enchères particulièrement
écoeurante qui a eu lieu
récemment à Paris : 70 masques de la
tribu amérindienne Hopi ont été dispersés,
pour un montant total de près
d’un million d’euros.

Pour ce peuple de l’Arizona, les
masques sacrés, portés par des danseurs
lors de cérémonies religieuses,
incarnent l’esprit des ancêtres ; ils ne
devraient même pas être vus par des
profanes. « Ce ne sont pas de simples
objets d’art, nous croyons qu’ils renferment
l’esprit. C’est comme pour les
juifs si quelqu’un essayait de vendre
la Torah. On ressent la même chose
pour ces Katsinam (messagers de l’esprit)
», a déploré Bo Lomahquahu,
issu de la communauté.

Une procédure judiciaire avait été
intentée par les Hopis, soutenus par
de nombreuses ONG et personnalités,
afin d’interdire la vente de ce patrimoine ;
l’ambassadeur des Etats-Unis
avait lui-même déclaré sa « tristesse ».
Le tribunal, tout en retenant le caractère
sacré des objets, a néanmoins
conclu qu’ils n’étaient pas des « biens
incessibles ».

Comment est-il possible qu’une telle
profanation puisse encore avoir lieu
au XXI siècle ? N’a-t-on donc tiré
aucun enseignement des pillages
d’objets culturels, que la France
notamment, aujourd’hui encore,
refuse sauf exception de restituer et
qui constitue la base de nombre de
ses musées ? Et d’ailleurs, comment
ces objets ont-ils atterri en Europe ?
Quand bien même ils auraient été
vendus par les Hopis eux-mêmes, ne
peut-on pas y voir une forme d’abus
de faiblesse ? Tout, absolument tout
peut-il être vendu ?

Il était semble-t-il question ces derniers
temps, au sein du gouvernement
français, d’un sursaut de moralité :
par son silence, la ministre socialiste
Aurélie Filipetti a perdu une
belle occasion d’en faire la démonstration.