Yes we scan !

Pas un jour sans une nouvelle révélation d’espionnage à large échelle : les informations d’Edward Snowden jettent une lumière crue sur le système de surveillance à large échelle des institutions, des Etats et des individus mis en place par les Etats-Unis et leurs alliés. Ils étaient – nous étions – nombreux à nous inquiéter des...

Pas un jour sans une nouvelle révélation
d’espionnage à large échelle : les
informations d’Edward Snowden jettent
une lumière crue sur le système
de surveillance à large échelle des institutions,
des Etats et des individus
mis en place par les Etats-Unis et leurs
alliés.

Ils étaient – nous étions – nombreux
à nous inquiéter des atteintes aux
libertés individuelles et à la sphère
privée rendues possibles par le développement
technique. En matière de
caméras de surveillance, lorsque nous
nous indignons de voir l’Etat suivre
nos faits et gestes, enregistrer nos
allées et venues, consigner nos fréquentations,
on nous rétorque qu’il n’y
a rien à craindre. Que la sécurité, mon
bon Monsieur, est à ce prix. Que si
nous ne faisons rien de répréhensible,
il n’y a pas de problème.

Nous aurions une vision « complotiste »
du monde ; le mot est lâché.

Lorsque nous refusions le passeport
biométrique – l’enregistrement aujourd’hui
de nos empreintes digitales,
demain de notre profil ADN – nous
étions passéistes, en retard d’une
révolution, déconnectés de la réalité.

Lorsque nous nous inquiétons de voir
les caisses maladie disposer de notre
dossier médical, on nous rétorque que
les coûts devaient être maîtrisés.

Lorsque nous refusons que nos conversations
téléphoniques ou notre courrier
puissent être interceptés, on nous
explique qu’il faut bien donner à la
police les moyens nécessaires…

Tout cela, la surveillance de la population,
l’interception des communications,
la raison d’Etat, tout cela fleure
bon l’Allemagne de l’Est. N’est-il pas
piquant de constater que ceux qui
aujourd’hui défendent toutes les
atteintes aux libertés individuelles –
pour le dire vite toute la droite, et une
bonne partie de la gauche – sont les
mêmes qui, pendant tout le siècle dernier,
n’ont eu de cesse d’envoyer tous
les contestataires de l’ordre établi aller
se faire voir à Moscou ?