Marine Le Pen, hélas !

La chronique féministe • Certes, l’avancée du FN de Marine Le Pen en France était attendue, mais 25%, ça fait mal ! l’UMP, embourbée dans ses conflits internes, n’obtient que 20% des voix, et le PS est KO avec 14%. Son sourire satisfait en Une de la majorité des quotidiens français et romands ajoute au sentiment de découragement de...

Certes, l’avancée du FN de Marine Le Pen en France était attendue, mais 25%, ça fait mal ! l’UMP, embourbée dans ses conflits internes, n’obtient que 20% des voix, et le PS est KO avec 14%. Son sourire satisfait en Une de la majorité des quotidiens français et romands ajoute au sentiment de découragement de celles et ceux qui croient encore dans les vertus de la démocratie, mot magnifique d’origine grecque qui signifie « le pouvoir du peuple ». On me rétorquera que, justement, le « peuple » s’est prononcé contre l’Europe, contre les mesures d’austérité qui le mettent à genoux et, cerise sur le gâteau, contre les étrangers, accablés de tous les maux. La montée de l’extrême droite ou des partis eurosceptiques s’est manifestée dans la majorité des pays européens. On peut comprendre la déception de celles et ceux qui souffrent en constatant le peu de considération que l’UE a pour eux.

L’Europe, cette belle idée défendue avant sa création par Denis de Rougemont ou Winston Churchill, a été concrétisée par Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, dans sa déclaration du 9 mai 1950 appelant à mettre le charbon et l’acier sous une Haute Autorité commune de la France et de l’Allemagne fédérale. Le choix de ces deux secteurs économiques vise à établir une garantie de paix. Le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) est signé le 18 avril 1951 à Paris par 6 six pays : France, Allemagne de l’ouest, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Italie.

Ils sont rejoints en 1973 par 3 membres de l’Association européenne de libre-échange : le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni. L’Union s’élargit vers le sud avec l’adhésion de la Grèce en 1981, puis de l’Espagne et du Portugal en 1986. Avec la fin de la Guerre froide, la partie Est de l’Allemagne rejoint la partie Ouest, et donc l’UE. Puis l’Union européenne intègre en 1995 des États neutres : l’Autriche, la Finlande et la Suède et en 2004, 10 nouveaux États, en majorité issus du bloc de l’Est : Chypre, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie ; en 2007, la Bulgarie et la Roumanie. L’adhésion de la Croatie est effective le 1er juillet 2013 et confirme les perspectives d’élargissement dans les Balkans, commencé neuf ans plus tôt.

L’Union européenne est aujourd’hui une association de 28 États européens qui délèguent ou transmettent par traité l’exercice de certaines compétences à des organes communs. Elle s’étend sur un territoire de 4 493 712 km2, est peuplée de 505,7 millions d’habitants et est la première puissance économique mondiale.

Sa structure institutionnelle est en partie supranationale, en partie intergouvernementale : le Parlement européen est élu au suffrage universel direct, tandis que le Conseil européen et le Conseil des ministres sont composés de représentants des États membres ; la Commission européenne est élue par le Parlement sur proposition du Conseil européen. La Cour de justice est chargée de veiller à l’application du droit de l’UE.

En 1992, le traité de Maastricht prévoit la création d’une union économique et monétaire (la zone euro), dotée d’une monnaie unique. Instituée en 1999, elle compte 18 États en 2014. Comme le reste du monde, elle a subi la mondialisation des marchandises et des flux financiers, (et pas des personnes). Enfin, elle endure les effets dévastateurs de la crise de 2008, cadeau empoisonné de la « libre Amérique » et de ses traders fous.

L’illusion de Maastricht a été de croire que le développement économique allait bénéficier à l’ensemble des citoyen-ne-s de la zone euro. Il aurait fallu, pour cela, rédiger une vraie Constitution, promouvoir la justice sociale, créer un filet social qui permette de vivre ensemble. Or l’UE a édicté des règles rigides sur le déficit budgétaire pour chaque pays. La « troïka » formée du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne, impose des mesures drastiques, notamment aux pays les plus pauvres de l’UE, nommés avec mépris les « Pigs » (les cochons, les goinfres), en fait les « PIIGS », avec deux « i » : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne (Spain en anglais). Les impositions viennent de haut, mais ce sont les citoyen-ne-s du bas qui trinquent. En Grèce, mais aussi au Portugal, le nombre de pauvres a explosé. On a imposé de telles mesures dites d’ « austérité » que les gens ont faim, ne peuvent plus envoyer leurs enfants à l’école, ne peuvent plus se soigner, ne peuvent plus payer les frais des enterrements. Parfois une famille entière vit sur la maigre retraite des grands-parents, qui a été diminuée, comme les salaires.

L’Europe n’est plus l’idée enthousiasmante qui voulait réunir des pays pour établir la paix et le bien-être. C’est devenu un « machin » de technocrates auquel on ne comprend plus rien, un monstre qui broie ses enfants. On envoie au Parlement les non-élus, comme s’il s’agissait d’une maison de retraite, des politiciens peu motivés, et non portés par un idéal, comme l’était Daniel Cohn-Bendit. On la rend responsable de tout ce qui va mal. Même les chefs d’Etat ne sont pas capables d’en parler positivement. Il est tellement plus facile d’accabler l’UE que de faire dans son pays les réformes nécessaires, comme en France. Quand il a été élu président, François Hollande détenait tous les pouvoirs, il aurait pu entreprendre les réformes indispensables, mais il n’a rien fait. S’il trouve l’UE « illisible », son discours est devenu absolument « inaudible ». Comment s’étonner que les peuples se révoltent contre cette Europe-là ? Si elle ne veut pas éclater, l’UE doit impérativement se réformer, rendre les pouvoirs de décision plus démocratiques et se préoccuper de ses enfants.

L’extrême droite sévit dans la majorité des pays. Ce qui fait particulièrement mal, c’est qu’en France, le mouvement soit mené par une femme. Il y a une époque où je pensais que les femmes sont plus respectueuses de la vie que les hommes, parce qu’elles la donnent. Elles se lancent en politique pour faire bouger et améliorer les choses. Les rares femmes cheffes d’Etat semblaient conforter cette vision, à part Margaret Thatcher. Mais une Marine Le Pen m’oblige à revoir mes convictions. On peut être femme ET xénophobe, mentir, propager la haine, manipuler les plus démunis tout en les méprisant. Pour fêter sa victoire, n’est-elle pas allée dans un lieu sélect, comme l’avait fait Sarkozy ? Sur Internet, Marine brandit le drapeau suisse, la honte !