Les revendications de No Expo éclipsées par le gaz et les flammes

Exposition universelle • En marge de l'inauguration de l'Expo 2015 de Milan, des violences ont éclaté au centre-ville lors du défilé du 1er Mai. Le collectif No Expo avait pourtant appelé à un défilé «joyeux», mais dans un esprit «lucide, furax, rebelle et populaire». Les actions des casseurs ternissent les revendications du collectif, qui ne fait que pointer de vrais dysfonctionnements dans la gestion de l'Expo.

En marge de l’inauguration de l’Expo 2015, des violences ont éclaté au centre-ville lors du défilé du 1er Mai. Le collectif No Expo de Milan avait pourtant appelé à un défilé «joyeux», mais dans un esprit «lucide, furax, rebelle et populaire». Il semble que les casseurs, apparemment venus de toute l’Europe, ont préféré passer de l’esprit à l’action. En effet, en marge d’un défilé qui selon les organisateurs a réuni près de 30’000 personnes, des dizaines de voitures ont été incendiées, des vitrines attaquées et le feu s’est déclaré dans une agence bancaire avec le slogan «Vous nous plumez, aujourd’hui vous payez». Jets de cocktails Molotov et de pierres contre gaz lacrymogènes ont transformé Milan en zone de guérilla. Les actions des casseurs sèment le trouble et ternissent les revendications pourtant légitimes du collectif. Celles-ci ne font que pointer de vrais dysfonctionnements dans la gestion de l’Expo: intervention de la Mafia, mauvaises conditions de travail, précarisation, présence de multinationales dont l’éthique n’est certainement pas immaculée (Nestlé, Coca-Cola, McDonald’s) et également de pa-villons représentant des pays dont la politique n’est pas au-dessus de tout soupçon, comme Israël. Les politiques d’austérité imposées par la BCE et le FMI sont notamment dénoncées par le collectif qui voit plus large que l’Expo, car elles provoquent «un massacre social, un pillage des richesses et du “bien commun”». La goutte qui a fait déborder le vase est sans doute la suppression de cette journée chômée du premier mai, notamment pour le personnel de La Scala, où était donnée la première de Turandot de Puccini en clôture de la journée d’ouverture de l’Expo, représentation à laquelle nombre d’invités de prestige étaient conviés. Cela m’évoque l’expression malheureuse de Jean-Pierre Raffarin «La France d’en haut, la France d’en bas». Combien de temps encore les écarts continueront à se creuser en ne prenant pour cible que des voitures?

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