Pour les jeunes POP, les transports gratuits, ça vaut le coût

Débat • Le 27 avril dernier, la toute nouvelle section des jeunes POP vaudois organisait un débat dans le cadre de sa pétition pour des transports publics gratuits pour les étudiants, apprentis et jeunes de moins de 25 ans, déjà forte de 3’000 signatures. Compte rendu.

De gauche à droite, Victor Braune, Aurore Laager, Gavriel Pinson, Jean-Louis Sagot-Duvauroux et Andreas Eggli.

Ce débat contradictoire mettait en scène deux intervenants de droite, Victor Braune (Jeunes PLR) et Aurore Laager (Vert’liberaux) et deux intervenants de gauche, Andrea Eggli (POP et présidente d’Acidus, association de défense des usagers du service public) et Jean-Louis Sagot-Duvauroux (philosophe français et auteur de plusieurs ouvrages sur la gratuité). Dès le début du débat, les intervenants de droite ont tout de suite soulevé la question du financement. Qui va payer? Pourquoi tous les citoyens devraient payer pour quelque chose qu’ils n’utilisent pas? Ce à quoi Andrea Eggli a répondu que cela était déjà le cas pour beaucoup de choses qui sont financées par l’impôt, comme l’université, l’école, les routes… Quand bien même tout le monde ne possède pas de voiture ou n’a pas forcément d’enfants. «C’est une question de cohésion sociale!», a-t-elle affirmé. D’ailleurs, selon l’Office fédéral de la statistique, le coût de la mobilité en Suisse dépasse les 80 milliards, dont 75% vont pour la route. Pour Andrea Eggli l’impôt reste en outre la manière la plus sociale de contribuer à la société car chacun paye selon ses moyens. Pour Jean-Louis Sagot-Duvauroux, la question se pose en termes de choix de société. En l’occurrence, il s’agit de considérer certaines choses comme suffisamment importantes pour qu’on décide de les offrir non pas selon le porte-monnaie, mais «de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins». Il a ensuite exposé l’exemple édifiant de la ville française d’Aubagne, qui a fait le choix de la gratuité des transports publics. Outre la réduction du nombre de voitures en ville, et donc de la pollution (imposée aux piétons par les automobilistes), la manière et les raisons des déplacements ont changé. «Les gens voyagent plus pour le plaisir», a-t-il souligné. Relativement à la question du financement, sur laquelle n’ont pas manqué de revenir les intervenants de droite, la présidente d’Acidus a effectué une démonstration édifiante sur ce que coûteraient des transports publics (bus) gratuits en ville de Lausanne, financés par l’impôt. Pour une personne au revenu imposable de 100’000 francs cela représenterait selon elle une augmentation de 500 francs par année, soit bien en dessous du coût de l’abonnement qui est à 700 francs. Elle a également rappelé la solution qui avait été proposée par le POP mais refusée par tout le reste de la classe politique lausannoise: l’idée d’un péage urbain servant uniquement au financement des transports publics afin de les rendre gratuits. A cet argument imparable, la vert’libérale Aurore Laager a opposé le suivant, plutôt farfelu: selon elle, il y aurait une corrélation évidente entre gratuité et incivilité. Pour Jean-Louis Sagot-Duvauroux en revanche, la gratuité supprimant de facto la fraude, la «criminalité» dans ce domaine serait réduite de 100%. Qui peut en dire autant ? Et d’ajouter que cela libère les tensions et rend l’atmosphère beaucoup plus agréable. Cela permet aux personnes de s’inventer de nouvelles raisons de voyager. Le mot de la fin est revenu à notre camarade popiste et conducteur retraité des transports publics lausannois, Johan Pain: «Il faut inciter les gens à utiliser les transports publics et il n’y a pas de meilleure façon que la gratuité. Les transports publics ont un rôle social, ils permettent aux gens de se rencontrer, de se parler et d’apprendre à vivre ensemble.»

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *