Les femmes marchent sur la Suisse romande

Féminisme • Du 21 au 25 mai, la Marche mondiale des femmes est de passage en Suisse romande à Neuchâtel, Lausanne et Genève. L'occasion pour les féministes du monde entier de se rencontrer et renforcer les solidarités et la résistance.

La Marche mondiale des femmes se définit comme un réseau d’action féministe, qui lutte contre la pauvreté et les violences faites aux femmes. Tous les cinq ans, l’organisation organise un événement planétaire: la traversée de plusieurs pays par sa «caravane», pour soutenir des luttes locales existantes ou aider d’autres à éclore. Du 21 au 25 mai, elle est de passage en Suisse, à Neuchâtel, Lausanne et Genève.

Partie le 8 mars 2015 du Sud-Est de la Turquie, la caravane s’est rendue à Nusaybin, une petite ville turque proche de Kobané en Syrie, où une délégation a visité un camp de réfugiés syriens et porté un message de soutien aux femmes déracinées. Après avoir traversé la région du Kurdistan turc, la caravane s’est dirigée vers la côte, a fait halte à Izmir et s’y est embarquée pour Théssalonique en Grèce. Malgré les difficultés que traversent les ménages grecs, les militantes locales ont accueilli leurs hôtes avec beaucoup de générosité et ont organisé pour elles une multitude d’activités culturelles durant trois jours. La caravane a poursuivi sa pérégrination à travers les Balkans et devrait se terminer en octobre à Lisbonne. Tout au long de son parcours, la caravane recueille des témoignages sur les injustices vécues par les femmes.

Les défis de la MMF
Alors que s’opposer aux violences et vouloir combattre la pauvreté paraît fondamental et élémentaire, les obstacles s’accumulent. Ce sont de plus en plus les entreprises multinationales, qui décident en fonction de leurs intérêts ce qui est produit, où et comment. Depuis qu’ils n’ont plus de «Bloc de l’ Est» à craindre, les hommes politiques deviennent de plus en plus irrespectueux envers les populations et se muent en fidèles serviteurs de ceux qui veulent «améliorer» le rendement de la terre ou «dégraisser» la fonction publique. Sur l’Europe plane la menace grave du TISA, qui entraînerait la privatisation des biens publics les plus essentiels (ressources terrestres, eaux) et des services étatiques les plus indispensables (enseignement, santé, transports, gestion des déchets). Confrontée à la mondialisation croissante de l’économie et des finances et au rouleau compresseur idéologique, juridique et militaire du néolibéralisme, la Marche mondiale des femmes a mis en place des structures ayant pour but de renforcer les solidarités, à commencer par l’échange d’informations. Des coordinatrices nationales désignées par les militantes de leurs pays se rencontrent à des intervalles réguliers, font état des problèmes surgis dans une région et proposent des axes d’intervention. En lien avec elles, une structure permanente, le Comité international (CI), veille à ce que le potentiel de résistance dans un pays membre ne se perde pas, mais contribue à l’harmonisation des activités locales, nationales et régionales des composantes du mouvement.

Le déplacement de la  caravane  favorise les contacts entre militantes du pays hôte et voyageuses. Des activités en marge du programme officiel (préparation en commun d’un repas, visite d’un musée, balade dans un parc) permettent de nouer des liens personnels et de maintenir des contacts. Les déplacements de la caravane offrent aux militantes vivant sous un régime autoritaire la possibilité d’expliquer la situation de leur pays. Elles deviennent ainsi ambassadrices des causes qu’elles défendent chez elles avec leurs camarades hommes. À l’occasion des nombreuses «activités nomades» que la marche déploie cette année en Europe, des camarades turques, grecques, roumaines et serbes peuvent nous parler de la situation de leur pays: de guerre et de paix, d’homophobie, de stigmatisation de groupes ethniques minoritaires, de répercussions des mesures d’austérité dans leur quotidien. Le lundi de Pentecôte, dernier jour de la caravane à Genève, sera consacré à la souveraineté alimentaire, avec déplacements vers des jardins autogérés, grillades en plein air, activités de plantation. La caravane se dirigera ensuite vers le nord de la France, la Belgique, l’Allemagne, et s’arrêtera en Pologne, en Hongrie et en Autriche.

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