Berset, remballe ton paquet!

Manifestation • Le 30 mai prochain, un large front d'opposants au projet de réforme des retraites du Conseiller fédéral socialiste manifestera son mécontentement dans les rues de Lausanne.

On le sait, avec l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, la question du financement de l’AVS devient un thème récurrent. Le projet «prévoyance vieillesse 2020», présenté par le Conseil fédéral pour faire face à cette situation, est toutefois loin de faire l’unanimité. Composé des faîtières syndicales des cantons de Vaud, Genève et Fribourg ainsi que plusieurs composantes de la gauche politique, l’AVIVO et des organisations féministes, un collectif romand appelle ainsi à une grande manifestation dans les rues de Lausanne le 30 mai prochain pour exprimer un rejet clair du projet. «Avant que les chambres fédérales ne reprennent l’examen du dossier, il faut que les députés comprennent qu’il existe une opposition forte et déterminée à ce projet antisocial, et qu’elle compte bien se faire entendre», martelait ainsi Manuela Cattani, présidente de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), en conférence de presse le 18 mai dernier.

Une attaque contre les femmes
Lors de la grande manifestation du 7 mars dernier à Berne à l’occasion de la journée des femmes, l’opposition au «paquet Berset» s’était déjà manifestée vigoureusement. En effet, celui-ci est dénoncé par ses opposants comme une attaque contre les femmes. Céline Misiego, du collectif vaudois Feminista, précise que le projet permettra de faire 1,5 milliard de francs d’économies via l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et la suppression des rentes de veuve pour les femmes n’ayant pas d’enfant à charge. «A l’heure où l’écart salarial entre homme et femmes frise encore le 20%, il est hors de question d’accepter ces mesures qui constituent une véritable insulte à toutes les femmes de ce pays», ajoute encore la militante et secrétaire du POP vaudois. Le fait que les femmes travaillent plus souvent à temps partiel et pour des revenus moins élevés constitue en effet déjà un désavantage pour ces dernières, puisque cela se répercute sur le 2éme pilier. Ainsi, «seules 57% des femmes touchent une rente du 2éme pilier contre 87% des hommes. Surtout, les femmes touchent une rente médiane de 18’000 francs contre 32’500 pour les hommes», rappelle le tract invitant à manifester.

Une réforme antisociale
Les opposants critiquent en outre la diminution de la participation de la Confédération au coût de l’AVS et la hausse de la TVA, qui constitue une taxe antisociale. De même, l’abaissement du seuil d’accès au 2éme pilier, présenté comme un progrès, n’est selon eux qu’illusion: en raison de la diminution du taux de conversion de 6,8 à 6%, il faudra payer plus de cotisations pour toucher la même rente. Ainsi, si le projet prévoit une légère hausse des rentes, ce sont les bas revenus qui passeront à la caisse. Jean Kunz, secrétaire du syndicat UNIA Vaud, va jusqu’à parler de «vol des salariés par les caisses de pensions». Il rappelle en outre qu’«on pourrait atteindre la même hausse de rentes en augmentant seulement de 1,8% les cotisations AVS (0,9%employeurs et 0,9% employés) mais cette option n’a jamais été retenue par une droite qui hurle pourtant au feu depuis des décennies sur le financement des retraites».

Démantèlement de l’AVS
Le collectif dénonce une réforme qui constitue un démantèlement du système par répartition de l’AVS, beaucoup plus social, car fondé sur la solidarité entre générations et entre hauts et bas revenus. Selon ce système, les cotisations sont en effet utilisées pour financer les rentes de l’année suivante, alors que le 2éme pilier, qui fonctionne par capitalisation individuelle, dépend du montant du salaire perçu, est beaucoup plus soumis aux aléas de la conjoncture, et coûte beaucoup plus cher en termes de gestion. «Depuis plus de 60 ans, le système AVS a permis d’augmenter régulièrement ses prestations, mais surtout de traverser les crises et l’augmentation de l’espérance de vie sans faillir» rappelle Christiane Jaquet de l’AVIVO. «Avec Prévoyance vieillesse 2020, nous assistons au contraire à l’affaiblissement de l’AVS au profit du 2éme pilier, pour le plus grand bonheur des assureurs et de leurs actionnaires!» (voir interview en page 2). Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le 30 mai.

Manifestation «Touche pas à ma retraite!» Samedi 30 mai à 14h30, Petit-Chêne, Lausanne.

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