Défendons le plurilinguisme!

Il faut le dire • Un groupe parlementaire va se créer prochainement sous la coupole pour défendre le plurilinguisme en Suisse. Quinze élus de toutes tendances et de toutes les régions linguistiques ont formalisé le projet, qui sera placé sous la présidence du Conseiller aux Etats Hans Stöckli...

Un groupe parlementaire va se créer prochainement sous la coupole pour défendre le plurilinguisme en Suisse. Quinze élus de toutes tendances et de toutes les régions linguistiques ont formalisé le projet, qui sera placé sous la présidence du Conseiller aux Etats Hans Stöckli.

Il faut se réjouir de cette annonce. Le débat sur l’apprentissage d’une deuxième langue nationale est en effet virulent, notamment dans certains cantons alémaniques. Trop souvent en Suisse, la cohésion nationale semble un fait établi, une évidence destinée à durer éternellement : il n’en est rien. La capacité à vivre harmonieusement ensemble dépend de plusieurs facteurs, à commencer par la possibilité de se comprendre, d’échanger, de tisser des liens qui ne soient pas qu’utilitaires, mais aussi culturels.

Souhaitons que ce débat sur le plurilinguisme s’articule aussi autour de la défense des quatre langues nationales contre l’impérialisme culturel que représente la généralisation de l’usage de l’anglais, notamment dans l’administration et les services publics. Au nom du «progrès», une part importante de la communication et de la publicité des CFF ou de la Poste, pour ne prendre que deux exemples, se fait en anglais, ou plutôt dans une version simplifiée à l’extrême et appauvrie de cette langue. Les Universités ne sont pas en reste, qui remplacent leurs bibliothèques ringardes par des «learning center» du plus mauvais effet.

La langue est éminemment politique. Son usage est l’objet de rapports de force et de domination. L’usage croissant de l’anglais nous renseigne sur l’état des forces en présence au niveau mondial. Gageons que dans quelques décennies, les caractères chinois se généraliseront.

D’ici là, défendre les langues nationales n’est pas réactionnaire, mais révolutionnaire.