Avec le peuple grec contre la finance internationale

solidarité • A Genève, une association de soutien au peuple grec a vu le jour au début du mois de juin. Retour sur les origines de la démarche

La victoire électorale de Syriza le 25 janvier dernier représente un événement unique dans l’histoire européenne. C’est la première fois qu’un parti de la gauche radicale, porté par la mobilisation populaire, gagne aux élections et forme un gouvernement. Celui-ci est cependant soumis aujourd’hui à la pression intolérable et au chantage des institutions internationales, qui visent à contraindre la Grèce à poursuivre les politiques de privatisations et d’austérité convenues avec le gouvernement précédent. Sans scrupules, les détracteurs du gouvernement Syriza ont massivement recours à la désinformation.

Face à cela, les militants de mouvements sociaux en Suisse, ensemble avec leurs camarades grecs résidant dans la région genevoise, ont décidé de mettre en place des structures de soutien aux efforts du gouvernement Syriza. Son succès sera en effet un succès pour les autres pays d’Europe, qui tentent de résister à la politique néolibérale d’austérité. Il s’agit de faire connaître les accomplissements du gouvernement Syriza et les difficultés auxquelles il doit faire face, de susciter des manifestations locales de solidarité, ou encore de participer à celles qui s’organisent au niveau européen voire international. En bref, impulser un mouvement de sympathie avec la Grèce, que tout un chacun vivant en Suisse peut rejoindre.

Lors d’un premier meeting public tenu le 24 avril dernier, un militant grec travaillant en Suisse et un enseignant et syndicaliste genevois ont exposé les problèmes de la Grèce et abordé la question de la solidarité. Le 22 mai, Afroditi Stampouli, députée de Syriza au parlement grec, a été invitée à Genève. Devant un public nombreux, elle a expliqué les difficultés du gouvernement de son parti, qui cherche à réaliser son programme et à sortir d’une situation créée par les mauvaises lois dont il a hérité, et par les accords que les gouvernements précédents ont signés docilement avec les instances internationales. Afroditi Stampouli a encouragé les organisateurs à aller de l’avant avec leur projet d’association visant à rassembler les forces en Suisse qui s’opposent à l’information fallacieuse, exigent que l’argent planqué en Suisse par les fraudeurs fiscaux soit rapatrié, et ouvrent des canaux de solidarité par des actions telles que des jumelages entre villes, syndicats, établissements scolaires et universitaires.

Le 8 juin s’est ainsi tenue l’assemblée constitutive de l’Association genevoise de soutien au peuple grec. Ses axes d’intervention porteront spécialement sur la question fiscale et sur la solidarité médicale. Alors que le gouvernement suisse prétend qu’il n’y aurait que 1,5 milliard d’avoirs grecs dans les coffres helvétiques, la presse cite des sommes situées entre 200 et 300 milliards. Au niveau de la santé, l’association veut dénoncer la stratégie commerciale des entreprises pharmaceutiques suisses, qui aggrave la crise sanitaire grecque. C’est notamment en direction des syndicats du secteur social et de la santé que ces campagnes spécifiques seront développées. De manière plus générale, il s’agit de manifester la solidarité de la population suisse pour protéger la démocratie, malmenée brutalement par le gouvernement précédent, et face à la catastrophe humanitaire.