Drones: Les Etats doivent rectifier le tir

Il faut le dire • «Sens aiguisés et morsure mortelle» (sharp senses, lethal bites), c'est ainsi que la firme israélienne Elbit Systems décrit le modèle de drone Hermès 900, dont le Conseil national vient d'approuver l'achat de 6 exemplaires, pour la modique somme de 250 millions de francs. L'entreprise n'hésite en outre pas à mettre en avant comme argument de vente le fait que ses drones ont «fait leurs preuves au combat» (Combat proven)...

«Sens aiguisés et morsure mortelle» (sharp senses, lethal bites), c’est ainsi que la firme israélienne Elbit Systems décrit le modèle de drone Hermès 900, dont le Conseil national vient d’approuver l’achat de 6 exemplaires, pour la modique somme de 250 millions de francs. L’entreprise n’hésite en outre pas à mettre en avant comme argument de vente le fait que ses drones ont «fait leurs preuves au combat» (Combat proven).

Que doit-on comprendre? Que les territoires palestiniens, illégalement occupés par l’Etat hébreu depuis de longues années, servent de laboratoire-test pour les armes israéliennes. Pour rappel, à ce jour, seuls trois pays sont connus pour leur recours aux drones comme armes létales, parmi lesquels Israël (ainsi que le Royaume Uni et les Etats-Unis). Le pays, qui exporte chaque année pour 67 milliards de dollars d’armes est en outre à la pointe de la technologie en la matière et premier exportateur mondial de l’engin.

Malgré le souvenir encore frais de l’opération «Bordure protectrice» à Gaza en été 2014, le Conseil national n’a pas hésité à avaliser l’achat, ceci malgré une pétition signée par près de 30’000 personnes et l’opposition de 56 député-e-s. En quoi la Suisse a-t-elle besoin de ces drones de guerre, qui peuvent être équipés de missiles si nécessaire? Est-il légitime de soutenir une entreprise qui, ouvertement, se vante d’avoir testé ses armes au combat, sans mentionner, évidemment, que cela pourrait l’être sur des populations civiles?

Pour le mouvement BDS, cela ne fait pas de doute: «Elbit est une  »compagnie complice », qui tire profit d’une politique d’occupation prolongée et de colonisation des territoires occupés par Israël». «Par cet achat, le gouvernement suisse contrevient à ses obligations à l’égard du droit international humanitaire, en particulier la 4ème Convention de Genève, ainsi que la Charte des droits humains. Israël est actuellement sous investigation pour les crimes de guerre commis à Gaza en 2014. Or, par cet achat de drones, au lieu d’œuvrer pour mettre fin à ces violations et à cette situation illégale, la Suisse en devient complice et renforce l’impunité dont bénéficie Israël», ajoute l’organisation.

Au lieu de donner l’exemple, le Conseil national a préféré fermer les yeux. Le Conseil des Etats, on ne saurait mieux le formuler, se doit de rectifier le tir.