Plein «Reflet» sur le théâtre d’hier et d’aujourd’hui

Théâtre • Qui veut voir Euripide, Molière, Racine, Tchekhov et des pièces d’auteurs contemporains ira à Vevey où s’affichent aussi musique, humour, chanson et danse. Aperçu de la saison 2015-2016.

Depuis que Brigitte Romanens–Deville en a pris la direction, le Théâtre de Vevey s’appelle «Le Reflet»; il se veut miroir du monde, de l’art, un miroir qui renvoie aux spectateurs interrogations, émerveillements, rires et mises en questions. Une salle comble et enthousiaste a découvert l’autre soir la cinquantaine de spectacles de la saison 2015-2016, dont plus de la moitié sont des pièces de théâtre du répertoire classique et contemporain. Les compagnies romandes y trouvent place à côté de troupes, de metteurs en scène et d‘acteurs québécois et français, qui peuvent épingler à la boutonnière distinctions et prix, dont les célèbres Molières. La saison affiche aussi des spectacles d’humour, d’autres dits «jeune public», donc pour enfants. certains dès … 3 ans, ainsi que des opéras, du théâtre musical, de la chanson et de la danse. On y célèbre aussi la St-Valentin, avec concours de lettres d’amour et bal littéraire. Enfin, une particularité de Vevey, en collaboration avec cinq autres théâtres romands, les «midis théâtre», qui, six fois pendant la saison, commencent à 12h15 et proposent une représentation d’une quarantaine de minutes à regarder tout en dégustant un repas!

On retiendra quelques soirées dont on ose prétendre par avance qu’elles méritent mention: il y a des pièces peu connues, celle de Racine Frères ennemis, qu’il a écrite à 24 ans, ou Georges Dandin de Molière (mais aussi sa célèbre Ecole des femmes), Les Troyennes d’Euripide qui sera précédée à 19h de la lecture de textes écrits sur le sujet par des jeunes des banlieues parisiennes. On verra Platonov de Tchekov, Les Cavaliers d’après le roman de Kessel avec Grégori Baquet, Molière 2014 de la révélation masculine, et Khalid K, bruiteur d’un réalisme extraordinaire; et puis Douze hommes en colère, un classique du cinéma et du théâtre, écrit par Regina Rose, et même une pièce adaptée d’une bande dessinée le Chat du rabbin avec trois musiciens sur scène évoquant la ville d’Alger. Il faudrait citer bien d’autres titres encore, dont Chère Elena de Ludmilla Razoumovskaïa, interdite en 1970 par le régime soviétique, avec Myriam Boyer, une pièce qui a reçu plusieurs Molières en 2015, ou La Corneille de Lise Vaillancourt, Constellations de Nick Payne.

L’histoire du Soldat dans la mise en scène de Omar Porras avec les musiciens de l’Ensemble Contrechamps est à ne pas manquer, comme l’Opéra de Quat’sous de Brecht et Kurt Weil, pour ne pas parler de La Traviata et des Noces de Figaro. Dans la catégorie humour, notons Tigidou de Brigitte Rosset qui a offert au public de la présentation un petit numéro de la meilleure veine, et, en danse, j’ai été séduite par les quelques images projetées de Ce que le jour doit à la nuit de la compagnie Hervé Koubi, sur des musiques sacrées d’Orient et d’Occident.

Aux Lausannois qui seraient tentés d’aller à Vevey, rappelons qu’il n’y a que quinze minutes de train! Avec humour, le programme précise : et 4h40 depuis Paris!

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