Une Europe et une Suisse qui font honte

Il faut le dire • Il y a quelques semaines, l'Europe entière se scandalisait des drames en Méditerranée et ses dirigeants s'empressaient, au nom de l'humanité, de la responsabilité et de la solidarité, de renforcer la lutte contre les passeurs, bien loin de ses frontières. Il y a une semaine, ces mêmes dirigeants se montraient toutefois bien moins enthousiastes au moment de trouver de véritables solutions pour les personnes réfugiées en quête de protection.

Il y a quelques semaines, l’Europe entière se scandalisait des drames en Méditerranée et ses dirigeants s’empressaient, au nom de l’humanité, de la responsabilité et de la solidarité, de renforcer la lutte contre les passeurs, bien loin de ses frontières. Il y a une semaine, ces mêmes dirigeants se montraient toutefois bien moins enthousiastes au moment de trouver de véritables solutions pour les personnes réfugiées en quête de protection. Ainsi, c’est après sept heures de discussions que les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se sont mis d’accord sur la répartition de 60’000 migrants en Europe. 40’000 provenant de Grèce et d’Italie, pour soulager ces pays, et 20’000 provenant de camps situés autour de la Syrie.

Non seulement le chiffre est faible (pour rappel, le HCR rappelait début juin que plus de 100’000 personnes avaient débarqué rien que sur les côtes grecques et italiennes depuis le début de l’année 2015, et les réfugiés dans un pays comme le Liban représentent un quart de la population), mais c’est de surcroît sur une base volontaire que cet accueil se fera. Le projet de quotas obligatoires proposé par la Commission européenne, qui aurait représenté un engagement bien plus ferme à la solidarité, est rejeté, suscitant de vives critiques de toutes parts.

Il y a en effet tout lieu de penser que toute cette agitation n’aura, au final, été que poudre aux yeux et que des pays comme l’Italie, ou la Grèce (qui pourtant semble avoir d’autres chats à fouetter en ce moment), continueront à assumer, pratiquement à eux seuls, l’accueil de dizaines de milliers de migrants en quête de protection.

Quant à la Suisse, fera-t-elle face à ses responsabilités? Plusieurs dizaines de manifestants rappelaient encore mardi dans les rues de Lausanne que six requérants d’asile, pour la plupart érythréens, qui doivent être renvoyés en Italie, occupent depuis plusieurs mois l’Eglise de Saint-Laurent à Lausanne, et que la Confédération continue à rejeter nombre de migrants vers son voisin du Sud en vertu des accords de Dublin. Jusqu’à maintenant, les autorités vaudoises et suisses sont demeurées inflexibles. Pourtant, qu’y aurait-il de plus facile que d’accueillir ces personnes déjà sur notre territoire et qui, même si elles sont renvoyées, risquent d’y revenir? Si aucune solution ne peut être trouvée pour six personnes, quel véritable engagement peut-on attendre de la Suisse? On se le demande.